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Wentja Morgan Napaltjarri (groupe Luritja / Pintupi) est née vers 1945, dans une région isolée de l’Australie, dans le Désert Occidental, près du lac MacKay, sur un site rocheux associé aux Rêves du Lézard à Langue Bleue et à aux Femmes Kungka. Cette région est liée aux Cycles Tingari, ensemble de chants, danses, motifs sacrés et histoires mettant en scène les Ancêtres portant ce nom (Tingari). Ce site deviendra la source d’inspiration des peintures de Wentja quand celle-ci se mettra à peindre.

Elle est la fille de Shorty Lungkata Tjungurrayi, l’un des fondateurs du mouvement artistique aborigène, mais aussi un initié important et un guérisseur réputé qui fera en sorte que l’éducation traditionnelle de sa fille soit solide.

Sa famille est contrainte de quitter leurs terres traditionnelles pour rejoindre en 1948 une communauté lointaine qui vient de s’établir autour d’une mission luthérienne (à Haast Bluff / Ikuntji). Là on distribue des rations alimentaires, à une époque où des sécheresses rendent difficile la quête de nourriture et d’eau dans tout le centre de l’Australie. Pour Wentja, il s’agit du premier contact avec l’homme blanc. C’est à Haast Bluff qu’elle rencontre son mari, Ginger Tjakamarra, fils d’une artiste importante, Makinti Napanangka. Ils rejoindront par la suite Papunya, là où le mouvement artistique va éclore et se développer.

Elle démarre sa carrière comme de nombreuses femmes pintupi en aidant les peintres hommes de sa famille, lorsque ceux-ci vieillissent. Puis en 1996, les femmes ont enfin accès au matériel et peuvent produire leurs propres œuvres. Cependant, il faut attendre que Wentja s’installe à Mt Liebig pour que sa carrière décolle. Cette petite communauté, située entre Papunya et Kintore, malgré un nombre peu important de peintres, va donner à l’art aborigène quelques-unes de ces grandes figures : Wentja donc, mais aussi Lilly Kelly Napangardi et Bill Whiskey Tjapaltjarri et dans une moindre mesure Ngoia Pollard.
Wentja abandonne le style classique, pour couvrir ses œuvres d’un champ de points, denses, serrés, le plus souvent monochromes (blanc sur un fond noir), donnant un magnifique résultat où l’on imagine des vagues se mouvant sur la toile. Ce tapis de points évoque les dunes et le paysage des sites dont elle est la gardienne. Elle y ajoute, un ou plusieurs cercles concentriques, larges, généralement peint dans un rouge brun qui vient créer un contraste (symbolisant les roches et les points d’eau); le tout dans une grande pureté. Il se créé alors un sentiment à la fois de mouvement et d’immobilité. On sent la force des motifs anciens, plongeant leurs racines dans une tradition plusieurs fois millénaire et dans le même temps on est fasciné par la modernité du résultat. C’est là l’apanage des grands artistes aborigènes, de se saisir de la tradition mais de savoir la réinterpréter et de faire le pont entre leur savoir immense et le monde moderne, globalisé . On comprend d’autant mieux le succès de Wentja, de Sydney à Perth, de Londres à Paris En 2002 elle est finaliste du fameux Testra Award.

Collections :
Art Gallery of South Australia, Adelaide
Art Gallery of Western Australia, Perth
Queensland Art Gallery, Brisbane
Tandanya National Aboriginal Art and Cultural Institute Inc., Adelaide
Flinders University Museum, Adelaide
Kerry Stokes Collection, Perth
Thomas Vroom Collection, Hollande
The Kaplan – Levi Collection, Seattle
National Gallery of Australia, Canberra