EXPOSITION VENTE EN SUISSE

EXPOSITION VENTE EN SUISSE

Nos partenaires en Suisse, la galerie Au Temps qui Passe, organise sa prochaine grande exposition de peintures aborigènes : du 5 novembre au 18 décembre 2002.

résultats de la vente Sotheby's de New York

résultats de la vente Sotheby's de New York

Sotheby’s organisé ce 25 juin 2022 à New York sa dernière vente aux enchères d’art aborigène. Une première partie se concentrait pour l’essentiel sur l’art du Nord de l’Australie, la Terre d’Arnhem ou le Queensland, objets tel les boomerangs, boucliers, sculptures et les peintures sur écorce. Le succès de cette partie était mitigé. Certains lots, comme les très belles sculptures de Terre d’Arnhem, ne se vendaient pas malgré la qualité. Certes les estimations sont souvent élevées mais, nous allons le voir, cela ne semble pas freiner certains amateurs. Ainsi, un dessin de William Barak, personnage important de la région de Melbourne, mort à près de 80 ans en 1903, s’envolait à 350 000 euros ! Un bouclier gravé par ce même William Barak partait à près de 50 000 euros. Pour 16 000 euros, on pouvait acquérir des boucliers anciens du Queensland. Tout au long de la vente, des écarts de prix significatifs (reflétant les estimations) interrogeaient parfois. Alors qu’une écorce de Djambalala représentant des esprits Mimih en pleine cérémonie était poussée jusqu’à 35 150 euros, une autre de Jimmy Mijau Mijau, de la même période (1959 et 1960) représentant quant à elle un Python enroulé sur lui même faisait17 580 euros. Lofty Bardayal, célèbre peintre, nous offrait un très bel exemple de Kangourou dans le style dit Rayons X, de 1971. A seulement 3 500 euros, ce lot semblait une très bonne affaire. Passons aux peintures du centre de l’Australie. La grande vedette des ventes de ces dernières années reste Emily Kame Kngwarreye. Une artiste majeure mais aussi une personnalité marquante (décédée en 1996) dont l’influence sur le mouvement artistique et les autres peintres aborigènes est énorme. De nombreuses peintures étaient présentées. En dehors d’une composition linéaire de belle facture qui n’a malheureusement pas été vendue, les autres toiles d’Emily ont encore atteint des prix très élevés. La première pièce, 122 x 152 cm, particulièrement intéressante, montré les motifs traditionnels, des lignes, en forme de diagrammes complexes, mais en partie cachées par les points épais ocres, blancs et noirs du plus bel effet. Il fallait 760 000 euros pour l’acquérir. On poursuivait avec d’autres pièces dont un grand format de plus de 3,50 m (belle mais dont la taille semblait être le principal atout avec sa provenance) atteignait pratiquement les 470 000 euros. Ses compositions linéaires, très contemporaines dans l’aspect, font souvent des prix élevés. Ici il fallait 200 000 euros pour une composition rageuse 122 x 152 cm. A noter aussi un petit format, seulement 50 x 75 cm, très nerveux avec ses coups de brosse large à 11 720 euros. 70 000 euros, 100 000 euros ou encore 44 500 euros sont les résultats pour ses autres pièces, dont certaines d’une facture assez moyenne. Anatjari Tjakamarra, un des créateurs du mouvement artistique, était présent avec une composition qui, bien que datant de 1982, est encore marquée par l’influence des productions des années 1970. Une pièce originale, 121 x 152 cm, qui étonnait tout de même à 35 000 euros. Encore plus étonnant, une peinture à la fois trop sombre et trop classique de Yala Yala Gibbs Tjungurrayi de 1989, 92 x 152 cm, dépassait légèrement les 15 000 euros. Un grand format de Mick Namarari Tjapaltjarri, 160 x 160 cm, là aussi sombre, manquant de contrastes, de couleurs, de caractère, était poussait jusqu’à 280 000 euros !! A côté de ça, deux Clifford Possum Tjapaltjarri (79 x 116 cm et 60 x 125 cm) faisait, seulement, 11 800 euros et 8 200 euros. Et trois peintures de Darby Ross, certes artiste moins connu du grand public mais néanmoins un précurseur du mouvement à Yuendumu, à la fois grand initié et peintre possédant une vraie identité, partaient pour 7 600 ou 9 400 euros (61 x 183 cm, avec des gammes de couleurs très riches, mêlant des roses, verts, bleus et bien entendu tout le spectre des ocres). Étonnant encore les prix de certains lots. Willy Tjungurrayi à plus de 105 000 euros (153 x 183 cm, de belle facture) ou Kanya Tjapangati, avec une composition, certes aux beaux effets, avec un bon choix de couleurs profondes, mais trop proche de la production d’un Turlkey Tolson Tjupurrula (série inspirée par les redressements de sagaies) ou encore de celle de Willy Tjungurrayi. obtenait malgré cela 58 500 euros. D’autres peintres obtenaient des prix logiques quant à leur notoriété ou des pièces présentées. Ronnie Tjampitjinpa est le dernier témoin de la création du mouvement artistique en vie (mais il ne peint plus). Une pièce très riche, un grand format complexe, 183 x 244 cm, venant de la collection de l’acteur américain Steve Martin, ressemblant à une de nos pièces, montait à 140 000 euros. Deux autres toiles de Ronnie trouvaient preneur : la plus petite, 55 x 61 cm seulement, moins intéressante que celle que nous présentons à la galerie (même provenance, même thème, 46 x 91 cm) se vendait 11 720 euros et une très belle pièce, 122 x 122 cm, inspiré par son Rêve de Lune, pour 25 800 euros. George Tjungurrayi, que nous avions croisé à plusieurs reprises lors de notre dernier voyage, un des derniers grands peintres en capacité de peindre, était présent au travers d’une pièce très proche de celle exposée au Musée du Quai Branly (même thème, teintes très proches – pourtant pas nos œuvres préférées de ce grand homme de l’art aborigène ). Elle était disputée jusqu’à 44 500 euros (152 x 182 cm). Warlimpirrnga Tjapaltjarri avait, lors des deux dernières ventes chez cette même maison Sotheby’s de New York avait obtenu des prix très élevés (jusqu’à 196 000 euros) voyait une première pièce ravalée mais une seconde, épurée, 121 x 181 cm, partir pour 70 000 euros. Dans un esprit assez proche, George Ward Tjapaltjarri, qui produit toujours mais son état ne lui permet plus de peindre des choses de qualité, obtenait sur une toile caractéristique de son style un peu plus de 15 000 euros. Si l’on reste chez les peintres hommes du même groupe, pintupi, Joseph Jurra Tjapaltjarri, avec un travail un peu éloigné du dépouillement cher aux hommes de son groupe, à près de 50 000 euros nous semble bien payé. Dans ce côté raffiné, on peut préférer les toiles d’une Dorothy Napangardi ou encore de Kathleen Petyarre. plus originales, plus subtiles et au final, plus puissantes visuellement. Restons dans le Désert Occidental mais avec les artistes femmes. Makinti Napanangka était présente avec un format qui donnait toute sa puissance à ses motifs qui donnent d’avantage sur de belles surfaces, ici un 183 x 244 cm, avec des teintes chaudes qui conviennent parfaitement aussi à son style, et la toile terminait à 200 000 euros. Naata Nungurrayi, une autre matriarche pintupi disparue nous offrait une pièce s’inspirant du site de Marrapinti, où des Ancêtres Femmes s’arrêtèrent pour confectionner des bâtons que les hommes mettent dans le nez (ils ont la cloison nasale percée) pour certains rituels. Bien qu’on est vu des meilleurs exemples de cette série, son prix dépassait les 93 000 euros (122 x 183 cm). Doreen Reid Nakamarra, avec une composition aux très puissants effets cinétiques, dans un format raisonnable – 91 x 91 cm – atteignait 16 400 euros. Deux compositions de Wintjiya Napaltjarri, l’un avec des motifs rouges, pour l’autre noirs, se découpant sur un fond blanc constitué de points se touchant et formant un aplat épais, partaient pour 11 800 euros et 14 000 euros. D’autre peintures ne se vendaient pas, pourtant de bonne facture et avec de très bonne signature comme Ningura Napurrula (70 à 100 000 US $), Patrick Tjungurrayi (50 à 70 000 US $), un puissant Walangkura Napanangka (50 à 80 000 US $) ou encore une œuvre du mari de cette dernière, le regretté Johnny Yungut (122 x 152 cm, 25 / 35 000 US $) : peut être les estimations élevées et les formats, très souvent de grandes pièces, ont-ils découragés les acheteurs potentiels ? De la communauté de Balgo, deux artistes étaient gratifiés de prix rares. Wimmitji Tjapangati, souvent associé à la carrière de sa femme, Eubena Nampitjin, influencée par le style de Wimmitji au début, séduisait les amateurs avec un très beau petit format, 75 x 100 cm, avec des motifs claniques peint avec un rouge brun profond que vient mettre en lumière des points d’un jaune or qui donnent un incroyable sentiment de vie. Attention tout de même, il fallait mettre plus de 370 000 euros pour l’emporter ! Tjumpo Tjapanangka, lui aussi un pionnier du mouvement dans cette région frontière entre les cultures du centre de l’Australie, des zones désertiques, et celles des plateaux, voir des régions côtières du Kimberley, offrait également une toile aux teintes solaires, mais un grand format, très beau, avec un motif très géométrique épuré. Il faisait 175 000 euros. Billy Thomas, capable de produire des œuvres d’une rare puissance, offrait deux toiles non exceptionnelles qui finissaient à 8 800 et 5 900 euros. Il peignait parfois pour le centre d’art de Balgo, parfois pour ceux des plateaux du Kimberley et alternait ainsi l’acrylique ou les pigments naturels. Et puisque nous évoquons ici les artistes du Kimberley Oriental, Freddie Timms vendait une composition à l’acrylique (nous préférons ses œuvres réalisées avec des pigments), aux teintes franchement acidulées, pour à peu prés 13 000 euros (103 x 183 cm). Le seul lot de Yannima Tommy Watson partait pour environ 9 400 euros, un prix assez bas, mais l’œuvre était précoce. Les rouges qui irradient très souvent sa palette, avec des touches de blanc, parfois de bleu ou d’orange qui viennent souligner le côté abstrait, sont ici absents. Les motifs traditionnelles sont encore visibles mais éteints par le manque de contrastes. Tommy est un géant de l’art abstrait. Malgré son histoire, son lien puissant aux terres dont il est le gardien, son œuvre semble naviguer en parallèle avec l’art aborigène, le croisant parfois puis reprenant un aspect très abstrait et soulignant le génie de certains de ces peintres du centre de l’Australie, qui loin de tout, ignorant presque tout de l’art occidental et de ses évolutions, cheminent seul, poussés par un désir de découvrir toutes les possibilités offertes par l’acrylique. Tommy termine sa vie en offrant au monde une facette dès plus originale de l’art aborigène et j’espère qu’on verra très bientôt ses pièces s’arracher à des prix nettement plus élevés. Dans les mêmes zones, du côté d’Amata, une femme, Maringka Baker, a su également créé un style original, tout en restant au service de la tradition. C’est surtout la façon très particulière de détailler le désert, de montrer les plantes en pleine floraison à l’aide de couleurs vives, qui ont fait son succès. Les toiles sont parfois dominées par les verts, souvent crus, qui tranchent avec la production des autres artistes aborigènes ; mais Maringka aime tout autant le rouge. Chez elle, rarement de lignes tracées à la brosses, mais juste des points, déposés en ligne qui forment des diagrammes, qui découpent la toile en grandes ou petites surfaces géométriques, des carrés ou des rectangles. Seuls quelques motifs, des petits cercles concentriques ou les formes en fer à cheval (qui symbolisent les femmes ou les hommes autant que les Ancêtres) se dégagent. Les lignes sont rarement très droites et leurs mouvements très légers renforcent encore l’effet pulsatile de ses compositions. La pièce présentait, dominait par les verts, rares dans l’art aborigène, frôlait les 33 000 euros (118 x 198 cm). Notons encore un poteau de John Mawurndjul, proche de celui que l’artiste est venu réalisé dans ce qui est aujourd’hui la boutique du Musée du Quai Branly à Paris, à 21 100 euros ; ou un Pepei Carroll Jangala, 156 x 185 cm à près de 47 000 euros (!). Dans le nord de l’Australie, on signalera un très fin et très beau Regina Wilson pour 44 500 euros. Et un grand Daniel Walbidi, 150 x 180 cm, à 80 / 120 000 US $, ne se vendait pas non plus. Le choix des couleurs était assez audacieux !Pour finir, Sally Gabori ne vendait pas sa barbouille (20 / 30 000 US $) : ce n’est que justice pourrait-on dire. Je voulais terminer sur une note un peu humoristique mais aussi une réalité cachée sous des commentaires non dénués de biais. La fraîcheur est une chose, l’élan aussi mais la réalisation, le résultat sont également importants. Si on ne contester les deux premiers chez Sally, on peut se poser la question de la volonté réelle de Sally : la peinture terminée est-elle ce qu’elle cherchait à faire ? Ou, ses capacités étant ce qu’elles étaient, Sally a produit alors qu’elle était âgée et diminuée physiquement, on est face à une barbouille ? Parfois les barbouilles sont très intéressantes,… parfois cela reste une barbouille !

Sally Gabori s'expose à la Fondation Cartier

Sally Gabori s'expose à la Fondation Cartier

Du 3 juillet au 6 novembre 2022, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition personnelle de l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori hors de l’Australie. Voici ce qu’en dit la Fondation : Considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines australiennes de ces deux dernières décennies, Sally Gabori commence à peindre en 2005, vers l’âge de 80 ans, et atteint rapidement une renommée artistique nationale et internationale. En quelques années, d'une rare intensité créatrice, jusqu’à sa disparition en 2015, elle élabore une œuvre unique aux couleurs vibrantes sans attache apparente avec d’autres courants esthétiques, notamment au sein de la peinture aborigène contemporaine. Réunissant une trentaine de peintures monumentales, l’exposition est réalisée en étroite collaboration avec la famille de l’artiste et la communauté kaiadilt, ainsi qu’avec les plus grands spécialistes de l’art et de la culture kaiadilt. Ils seront présents à Paris à l’occasion de son inauguration pour rendre hommage à cette artiste dont l’œuvre fascine par son caractère spontané, lumineux et profondément original.

annonce des prix du Testra Award 2022

annonce des prix du Testra Award 2022

Le Testra Award 2022, un prix très prestigieux, réservé aux artistes aborigènes vient d'être révélé : Une fois n’est pas coutume, si j’avais été membre du jury, les artistes récompensés n’auraient certainement pas été les mêmes. Mais, le jury étant différent chaque année, cela permet aussi un autre regard et de voir des artistes d’horizons divers mis ainsi en lumière. Rappelons que ce prix est le plus prestigieux qui soit pour les artistes aborigènes. Margaret Rarru Garrawurra, remporte le fameux prix cette année avec une pièce en fibre de pandamus de près de 3 mètres de longueur, formant comme une voile. Margaret est une doyenne de Terre d’Arnhem Centrale. L’originalité semblait payer mais la pièce nous impressionne peu. Mieux justifié, de notre point de vue, le prix de la meilleure peinture revient à une artiste de près de 80 ans : Betty Muffler. Elle est issue des zones isolées où les Anglais ont fait leurs essais atomiques. Betty est respectée autant pour ses connaissances de guérisseuse que pour sa peinture, fruit d’un travail très personnel, marquée par de nombreux détails mais dont l’aspect est tempéré par une grande économie dans l’emploi des couleurs. La grande majorité des ses œuvres sont peintes en blanc sur un fond noir, ou l’inverse. La composition ayant touché le jury puise son inspiration dans sa pratique de guérisseuse. «Mes peintures concernent les Ngangkari (guérisseurs et ce qui s’y rapporte) et les sites liés à la guérison. Les ngangkari sont des guérisseurs traditionnels. J'ai peint des trous de roche et l'eau qui coule dans le paysage, tout comme l'énergie qui traverse les gens et les lieux - c'est invisible pour la plupart des gens, mais Ngangkari peut voir des esprits et ressentir beaucoup d'énergie différente. » : On peut donc saisir ici ce qui fonde la puissance de ses peintures : un aspect moderne, poétique mais aussi une richesse, une profondeur, une puissance visuelle qui repose sur la puissance et l’histoire des sites décrits. Le prix de la meilleure peinture sur écorce revenait à Ms D Yunupingu. Malheureusement l’artiste nous a quittée cette année ; elle était née en 1944 et était originaire de la Terre d’Arnhem Orientale. Sa peinture, une écorce de plus de 2m de long, était emprunte d’une grande poésie. Elle mettait en scène une roche près d’un plan d’eau et les Esprits qui y sont associés, des sortes de sirènes (généralement nommés Esprits Yawkyawk). Les Sirénes étaient peinte dans un style un peu naïf, figuratif , qui contraste avec le fond, assez abstrait, couvert de motifs en forme d’étoiles, le tout dans une dominante de rose, de blanc et de beige. Une autre écorce, plutôt grande, aurait pu être saluait, de Dhambit Munungurr, sur un fond bleu … Pour le prix de l’œuvre sur papier, le jury optait pour une travail d’impression numérique rehaussé au crayon et au pastel de Gary Lee, également un artiste du nord de l’Australie. Pour l’œuvre tri dimensionnel, deux artistes étaient récompensées, Bonnie Burangarra et Freda Ali Wayartja pour une nasse en fibre. Quand on jette un œil à l’ensemble de la sélection, mon choix aurait d’avantage penché, par exemple, vers les deux magnifiques poteaux peints, en fait deux troncs aux très belles formes, peints comme des poteaux funéraires. Pour ce qui est de l’oeuvre multimédia, c’est une vidéo d’un artiste du Queensland, Jimmy John Thaiday qui l’emportait. Le dernier prix, celui de l’artiste émergent, revenait à Louise Malarvie, de Kununurra, dans le Kimberley. Pour notre part, cette sélection déçoit. Ceci dit, si certaines zones du centre de l’Australie, sont de moins en moins présentes, cela est assez logique quand on constate le manque de renouveau dans de nombreux centres d’art. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve.