exposition au Musée RATH à Genève

exposition au Musée RATH à Genève

exposition d'art aborigène en Suisse au Musée RATH

Salon à Bordeaux début décembre 2025

Salon à Bordeaux début décembre 2025

Bonjour à tous, Début Décembre, le premier week-end, nous serons à BORDEAUX (5, 6 et 7 décembre) où nous participons au salon Art3f. POUR RECEVOIR L'INVITATION POUR BORDEAUX : https://www.art3f.fr/form/fr-bordeaux-exposant25/ Si toutefois vous ne parvenez pas à accéder au site, nous vous enverrons un autre lien. Ces invitations électroniques peuvent être transmises à vos amis. Vous pouvez nous suivre sur instagram (@galerieletempsdureve). Et n'hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez recevoir des photos de pièces disponibles. cordialement Marc Yvonnou – Art Aborigène 06 50 99 30 31 www.letempsdureve.com

exposition en Suisse

exposition en Suisse

Ouverture de l'exposition en Suisse, à Genolier le samedi 1er novembre 2025. Vous y verrez une large sélection d’œuvres aborigènes dans un cadre très agréable. www.autempsquipasse.com

EMILY KAME KNGWARREYE à la TATE MODERN

EMILY KAME KNGWARREYE à la TATE MODERN

La communauté d’Utopia, mais au-delà, tous les artistes du centre de l’Australie, doivent beaucoup à une figure exceptionnelle, Emily Kame Kngwarreye (1910 – 1996). Emily a montré durant toute sa vie beaucoup d’indépendance et de volonté. Emily a connu de nombreuses périodes bien qu’elle a peint sur toile un nombre restreint d’années, de 1988 à son décès en 1996. Emily puise dans un répertoire de motifs associés à « son pays » Alhalkere et à de nombreux Rêves (le chiffre de 9 est évoqué en général), même si celui de l’Ancêtre Igname revient plus fréquemment. Sa production semble osciller entre les thématiques associées à la fois à la vie profane (à priori, des sources de nourritures comme l’igname ou le melon sauvage) et à la vie cultuelle. Les initiées se peignent le haut du corps et des bras pour les cérémonies de l’Awelye (une série de rituels associés à la fertilité de la terre), et Emily va reprendre ces formes dans des séries. Au-delà de la simple reproduction de peintures corporelles, elle y insuffle une énergie personnelle extraordinaire. C’est que ces peintures sont autant l’évocation d’un Ancêtre (ou d’un Rêve comme on a traduit la notion de Jukurrpa, souvent le Rêve de l’Igname chez Emily) que d’un pays, d’une région entière où son esprit, son essence spirituelle sont toujours présentes et permettent à ces fruits ou tubercules de pousser en abondance. Quand on lui demandait des explications sur sa peinture, elle sautait sur place et disait c’est « mon pays »… Kame signifie lui-même graine d’igname ou fleur d’igname et les autres femmes l’appelaient souvent « boss woman, yam ». Les deux grands Rêves de cette région sont l’Emeu et l’Igname. On le voit, pour les initiées d’Utopia, Emily et la terre dont elle est la gardienne, ainsi que la force qui l’habite, celui du Rêve d’Igname, ne font qu’un. L’individu n’a pas sa place dans l’art chez les Aborigènes ; il n’est pas grand-chose. Et pourtant, Emily par sa puissance créative interprète la tradition de manière neuve et s’individualise au combien. Elle a su donner vie à des nouvelles représentations, loin de l’imagerie qui colle à l’art aborigène, des petits points, des symboles aujourd’hui connus comme les formes en fer à cheval. Emily a surtout essayé de donner à voir presque des atmosphères, des paysages tout à la fois intérieurs tout en étant fortement liés à l’histoire spirituelle de cette partie d’Utopia et aux motifs cérémoniels. Elle ne fait que solliciter la tradition pour la réinterpréter, la recomposer à sa manière, au travers de son inépuisable force vitale. Y avait-il chez Emily une raison fondamentale derrière ce geste ? On ne le saura sans doute jamais. Préservation d’une culture, réappropriation de ces motifs, volonté de montrer d’où on vient, maîtrise extraordinaire de ces dessins sommaires, à force de les peindre sur les corps pendant des décennies et volonté de rendre leur force et leur beauté au travers d’un médium nouveau ? Se singulariser ? Se singulariser, Emily le fait sans aucun doute. Les jeunes se moquent d’elle gentiment en voyant ces premières œuvres mais c’est elle, par sa hardiesse, par le rendu nerveux et pourtant très poétique, la première qui contribuera à briser les frontières entre l’art aborigène et l’art contemporain. Elle aura tout tenté. Dans ses premières toiles les points sont présents mais sont là pour camoufler des lignes décrivant le Rêve d’Igname. Les couleurs des points s’inspirent des couleurs du bush à certaines périodes. Puis les points s’agrandissent et seront peints avec une brosse ronde assez large, qu’elle viendra écraser fortement après l’avoir plongée dans deux couleurs différentes. Les couleurs viennent se mélanger, plus ou moins selon la pression exercée sur le pinceau qui retient dans son extrémité proche du manche une réserve des teintes déjà utilisées. Ses toiles sont plus comme des harmonies, un tissu coloré très dense construit par répétition de touches nerveuses. Viendront bientôt les enchevêtrements de lignes, larges, colorées ou blanches et sur fond noir (ou l’inverse), avec le rendu le plus moderne. Elles décrivent souvent les réseaux souterrains de racines et de tubercules de l'igname. Certaines portent le nom du Rêve de Patate Douce, d’autres « Rêve de la Grande Écrevisse »… Quand Emily se met à peindre juste des lignes parallèles, des bandes larges, aussi bien juste en blanc sur un fond noir qu’avec des couleurs chaudes, elle semble se moquer de la précision du trait, de l’endroit où elle doit reprendre le trait. On est dans une peinture de l’instant. La dernière série, très limitée, un peu plus d’une vingtaine de pièces, peint dans les derniers instants de sa vie, est juste constituée d’aplats brossés très rapidement. Il n’y a pas de volonté de plaire, de se conformer aux attentes modernes de la peinture, dont elle ignore les codes. Elle obéit davantage à sa personnalité forte, libre. Toutes les tâches de couleurs sont comme les reflets de l’osmose entre le monde du Rêve et le nôtre. Elle insuffle ainsi une part de mystère, de puissance surnaturelle liée à la nature. Autrement dit, on peut dire qu’elle reste fidèle dans une large mesure à la tradition, au monde du Rêve, puisqu’elle célèbre cette connexion à « son » pays; mais son approche esthétique emprunte une voie nouvelle. Elle évoque l’énergie primordiale et la puissance de la nature. Plus Emily Kame avance en âge, plus elle se libère comme poussée par une volonté de recréation. Le paradoxe réside dans l’énergie qu’elle déploie pour expliquer que sa peinture est le fruit de la tradition et de l’attachement à sa terre tout en offrant un regard d’une originalité radicale. Dans sa conception esthétique de la tradition, la référence aux motifs anciens s’estompe peu à peu. Elle se situe, pour reprendre le titre de mon dernier ouvrage, « Entre Deux Mondes ». Avec cette personnalité hors du commun, on a affaire à des peintures très gestuelles, presque à un style calligraphique, très dynamique et au rendu très abstrait comparativement à de nombreuses toiles du Désert Central et du Désert Occidental, là où est né le mouvement artistique du désert. Emily Kame Kngwarreye outrepasse la convention symbolique et narrative pour déboucher sur un art abstrait. Elle emprunte une voie nouvelle et ce faisant, permet à d’autres de le faire. Son aura reste grande. Il ne fait pas de doute qu’elle marque de son empreinte les autres peintres aborigènes, même si cette influence est surtout marquée à Utopia. Ainsi la série Agnangkere Growth de Gloria Petyarre est probablement influencée par le travail d’Emily. Il est difficile de savoir dans quelle mesure les séries des Bush Plum des artistes de Camel Camp – toujours sur les terres d’Utopia, chez notamment Kathleen et Polly Ngale – sont également émaillées de réminiscences de ses toiles. Mais elle ouvre la voie à tous les artistes aborigènes qui veulent s’affranchir de la pure tradition, même momentanément, même partiellement. Emily évoque l’ambiance du désert, du Rêve, mais ses peintures sont comme une substance poétique, un langage universel qui permettra justement de toucher un public international. Avant sa mort, Emily a déjà acquis une renommée considérable mais son importance n’est pas encore mesurée dans sa globalité. Emily Kame Kngwarreye est considérée aujourd’hui comme la plus importante artiste femme australienne. Livres et expositions sur sa vie et son œuvre se sont multipliés. La Tate Gallery à Londres lui consacre une rétrospective mais on a pu voir ses œuvres aussi bien au Metropolitan Museum de New York ou au Musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg.