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Yannima Tommy Watson
Yannima Tommy Watson est un artiste Pitjantjatjara né vers les années 1930, dans le bush à quelques 44km à l'ouest de la petite communauté isolée d’Irrunytju. Pas encore très bien connu du public français, malgré sa participation au projet architectural du Musée du Quai Branly, Tommy Watson est pourtant souvent considéré comme le plus grand artiste aborigène vivant.
Comme de nombreux aborigènes de sa génération, il a connu une vie traditionnelle, nomade ou semi nomade avant son contact avec la civilisation occidentale ; puis il occupera les seuls emplois que trouvent les Aborigènes : gardiens de troupeau (jusqu’à Yuendumu), manœuvres pour la construction des infrastructures dans le désert. Durant toute cette période il se familiarise avec son « pays », une région rude, et approfondit ses connaissances, celles profanes et celles sacrées, relatives aux Rêves et aux Temps du Rêve, aux connections entre les sites sacrés et les Ancêtres. Il travaillera même à Papunya, là où le mouvement artistique a démarré. Mais les Pijantjarra sont intransigeants avec la tradition…pas question à cette époque de dévoiler les motifs et les histoires secrètes.
Le Nord de l’Australie Méridionale, région dont il est originaire, est touché par le mouvement pictural seulement au tout début des années 2000. En 2001, Tommy débute sa carrière d’artiste à Irrunytju (Wingellina). C’est un jeune artiste… Il apprend en observant les autres peintres et puise dans les expériences d’une vie longue et dans les connaissances exceptionnelles qu’il a emmagasinées. Mais rapidement il va trouver sa voie, un style radicalement nouveau où la couleur joue un rôle majeur. Très rapidement, l’iconographie aujourd’hui bien connue des artistes de Yuendumu, ou du Désert Occidental, de Balgo ou Lajamanu disparait. Les symboles ne sont plus là. Comme avant lui l’avaient fait Rover Thomas, Emily Kame ou Paddy Bedford, il s’agit d’une vraie révolution artistique. Pour Tommy, il ne s’agit pas de décrire son Rêve (Caterpillar), les itinéraires empruntés par les Ancêtres. Il se concentre sur un site, une histoire, parfois très profane, le souvenir d’une rencontre, d’une partie de chasse, tente de condenser ses souvenirs, les informations dont il est le dépositaire, d’y ajouter une touche poétique, parfois mélancolique, et cela donne une peinture à l’aspect très abstrait. Il s’agit d’une peinture où l’émotion est très présente, sans doute moins cérébrale que l’art des voisins du nord les Pintupi, comme Ronnie Tjampitjinpa, George Tjungurrayi,…Le succès est très rapide.
Bien entendu ce qui distingue son œuvre c’est la couleur, très peu présente dans le Désert Occidental. Le rouge, celui des bandeaux des initiés, que Tommy porte souvent, apporte une note très chaude à ses compositions. Le jaune, le bleu, l’orange et le blanc, parfois des mauves violets viennent marquer l’espace, créer des zones et renforcer la luminosité. C’est sans doute ce mixe de pureté et de couleurs vives qui ont poussé des critiques d’art à le comparer à Rothko ou Kandinski. La technique est également particulière. On peut la rapprocher des peintures des femmes pintupi (Wintjiya Napaltjarri par exemple). Les points, assez larges chez Tommy, sont déposés en couches épaisses, qui parfois, dans les meilleurs œuvres, se touchent pour former un aplat très riche en matière. Mais Tommy va plus loin, car en ajoutant sa touche colorée et lumineuse, il parvient à transcender le style traditionnel des peintres aborigènes pour basculer dans l’art contemporain.
Tommy est désormais une célébrité. Deux ouvrages lui sont consacrés, un film va bientôt sortir qui retracera son incroyable aventure humaine et artistique. Il est l’artiste du Désert qui a vendu la toile la plus chère en vente aux enchères. En 2007, une de ses toiles (Waltitjatta) s’est vendue 240 000 AUD (près de 150 000 €).
Pour Tommy c’est la fin, sa dernière exposition s’est achevée (Kutju Wara, the last one) « Je suis fatigué. Je suis un vieil homme », dit-il. « Je l'ai fait plusieurs fois et je me fais vieux. »

Collections : Musée du Quai Branly, Paris, Art Gallery of New South Wales, Sydney, National Gallery of Victoria, Melbourne, National Gallery of Australia, Canberra, Art Gallery of Western Australia, Perth, Art Gallery of South Australia, Adelaide, Museum and Art Galleries of the Northern Territory, Darwin, Laverty Coll, Corrigan Coll, Auscorp, Sydney,…