Dorothy Napangardi Christine Nicholls rappelle que la naissance de Dorothy Napangardi (vers 1950 – décédé en juin 2013) n’a pas été enregistrée pour cause de second mariage de sa mère. … mais à cette époque peu d’Aborigène le sont et les dates de naissance fluctuent beaucoup…né vers… dit-on. Si parfois les Australiens ont tendance selon moi à vieillir les artistes (Minnie Pwerle par exemple…peut-être dans une fourchette de 10 ans !) pour Dorothy il me semble que c’est l’inverse. Je tiens les informations de Margaret, sa sœur qui en 2011 nous affirmait que sa sœur avait 61 ou 63 ans… Dorothy fait partie de ces Aborigènes qui ont vécu nomades, dormant à la belle étoile (on ne peut s’empêcher de penser à ses toiles, à l’aspect stellaire de sa production). Toujours Christine Nicholls interrogeant Dorothy lui fait dire que c’était une période très heureuse avec un sentiment incroyable de liberté. Elle parcourait des vastes étendues qui paraissent si inhospitalière aux regards occidentaux. Cette artiste est passée maître dans la technique pointilliste. Dorothy Napangardi, dont la qualité des œuvres n’a d’égale que la diversité et la créativité, semble peindre la voûte céleste. Il s’agit pourtant du contraire, une vue aérienne de la terre et plus particulièrement du site de Mina Mina dont elle est l’une des gardiennes. Ses premières peintures ont pour sujet le Rêve de Bananier Sauvage, un thème courant chez les femmes du centre du désert. Bien que les variantes et les interprétations soient nombreuses, l’aspect figuratif l’emporte souvent, ce qui est rare dans l’art aborigène. C’est le cas chez elle aussi, où l’esprit de cette plante rampante est célébré au travers des variations saisonnières et des différentes étapes de maturité de la plante. Mais ce style reste trop proche de sa sœur clanique Eunice Napangardi pour imposer Dorothy comme une artiste à part entière et ce malgré le très beau rendu qui découle de son sens technique très développé…. Pour atteindre ce statut, elle va accomplir une révolution intérieure et artistique. Dorothy va parvenir à se dégage méthodiquement du corpus symbolique classique pour développer une recherche qui réside plus dans le rendu graphique et une précision obtenu sans l’effet des couleurs si chères aux Warlpiri. Ses premières peintures constituent, en effet, une période d’apprentissage, d’expérimentation, qui permettra bientôt aux pulsions si profondément enfouies de s’exprimer. Car Dorothy est autiste légère. Quand se produit ce changement intérieur, son style bascule – nous sommes alors dans le milieu des années 1990 et Dorothy peint depuis une dizaine d’années. Sa peinture prend un aspect très abstrait. Pendant certaines périodes, elle peint tous les jours, afin de répondre à une exigence et à un besoin puissants. Ses compositions dépassent alors l’expression pure des motifs du Rêve du Bâton à Fouir, ou ceux des cérémonies féminines associées au site de Mina Mina dont elle est la gardienne. Car le hasard et, surtout, les forces intérieures prennent le pas sur la tradition ; une part de réflexion et une part de jaillissement spontané qui varient selon l’humeur. Les motifs anciens sont transformés en lignes, en mouvements subtils, en labyrinthes. Les dunes, les variations du relief, toutes sortes de nourritures et de végétaux, la vie, les lacs asséchés, craquelés, les remontées de sel, tous ces éléments forment des quadrillages savants. Ses toiles montrent comment avec une même technique simple, la répétition de petits points réalisés à l’aide d’un bâtonnet et d’un nombre de teintes très limitées (souvent juste du blanc sur un fond noir), on peut obtenir des résultats très différents tout en gardant un style homogène, facilement identifiable. Ses compositions très méticuleuses et les mouvements rythmiques qui en découlent captent parfaitement l’atmosphère si particulière du désert. Les séries s’enchaînent au fur et à mesure au gré de l’humeur de Dorothy. Elles ramènent à la sensibilité de Dorothy, à sa propre vision du site dont elle est la gardienne spirituelle, à l’histoire et à la géographie de cette partie du Désert central et aussi et surtout à l’expression de sa puissance artistique. Le rendu est particulièrement proche d’œuvres d’artistes contemporains occidentaux. Sa lecture des motifs traditionnels est tout à fait personnelle, presque illisible pour les autres initiées. Finalement, elle est une artiste dont la production est assez peu typée « aborigène ». Ceux qui n’ont pas une connaissance suffisante de cet art pourraient imaginer que ces toiles sont mexicaines, polonaises ou japonaises. C’est là qu’on mesure la révolution qu’elle a introduite en changeant de style. Probablement aussi, c’est ce tournant qui a permis le succès de Dorothy, en élargissant son audience. Des amies Warlpiri lui donnèrent un surnom traduit en anglais par « The Silent One ». Certes elle communiquait peu…mais pourtant plus que l’autre phénomène de la famille, sa cousine Judy Watson. Elle décède tragiquement dans un accident de voiture. Collections : National Gallery of Australia (Adelaide), Metropoliatn Museum of Art (New York), British Museum, National Gallery of Victoria (Melbourne), Museum and art Galleries of the Northern Territory (Darwin), Art Gallery of South Australia (Adelaide), Australian Council, Queensland Museum, Kaplan Levi Coll (USA), Linden Museum (Allemagne), Musée des Confluences, Lyon, (France), Artbank (Sydney), Art Gallery of Western Australia (Perth), Strokes Coll (Perth), Kelton Foundation (Santa Monica, Californie, USA), Metropolitan Museum, New York Thomas Vroom (Hollande),…
« Dr » GEORGE TAKATA TJAPALTJARRI Dr George est né vers 1930 (entre 1930 et 1940 selon les sources) sous le nom de Nyunmul. Il a vécu longtemps dans le bush, menant une vie très traditionnelle, autour de Jupiter Well jusqu'au début des années 1960. Nous sommes ici à 900 km à l’ouest d’Alice Springs. En 1964 (1963 selon d’autres sources), une patrouille menée par Jeremy Long localise son groupe familiale. Il s’agit pour eux du premier contact avec le monde des Blancs. Dr George va travailler avec Jeremy Long pour aider les Aborigènes qui sortent alors du désert pour être sédentarisés. C’est un basculement brusque, de l’âge de la pierre et la civilisation occidentale. Il faut prendre des précautions pour que cette transition se passe en douceur. Et George est très respecté, dès cette époque. C'est un guérisseur traditionnel mais aussi un homme pleinement initié. Avant son déplacement vers une communauté aborigène, il est considéré comme le guérisseur le plus respecté de toute la région (Ngangkari). Il a pratiqué des soins selon des techniques secrètes, vieilles de milliers d’années. Son groupe s'installe plus tard dans la région de Kintore (une importante communauté aborigène qui abrite d’autres Pintupi). C’est là, suite à sa collaboration avec la clinique de la communauté que le personnel soignant lui donne son surnom de « Docteur ». Il est le frère de Tommy Lowry Tjapaltjarri, l’un des fondateurs du mouvement artistique. Il se met à peindre très tôt, en 1973 et le fait jusqu’en 1978 avant de faire une parenthèse dans sa carrière de peintre. Il se remet à la peinture pendant quelques années à la fin des années 1980. Au départ, il peint alors dans un style assez conventionnel (pointillisme et iconographie classique) en s’inspirant de « Cycles Tingari » ou d’un Rêve Serpent associés à « ses » terres, en autre Karrinwara prés de Kintore et Kilingya prés de Jupiter Well (en fait prés de 19 sites cérémoniels auxquels il fait référence dans ses peintures). A la fin des années 1990 il s’installe avec sa famille à Alice Springs et commence à travailler pour plusieurs marchands indépendants. C’est à cette période que le style qui l’a rendu célèbre se met en place. En plus d'être un guérisseur traditionnel, docteur George est un ancien important des Pintupi, chargé de superviser l'initiation des jeunes hommes. Cette responsabilité implique de leur révéler les connaissances secrètes liées au « Cycle Tingari ». Docteur George représente ce vaste éventail de connaissances culturelles dans ses œuvres, qui affichent une série audacieuse de lignes très pures probablement inspirées par les dessins des peintures corporelles mais, peuvent avoir d’autres sens (comme les torches utilisées pour éclairer les cérémonies ou les bâtons servant à faire le feu, c’est un détail donné par la galeriste qui lance véritablement sa carrière à partir du milieu des années 1990, directrice de la galerie Gondwana). Les dessins des peintures corporelles impliquent aussi souvent une forte association avec le paysage désertique, ses trous d’eau, ses collines de sable, les roches et les lits de ruisseaux asséchés. Les couleurs qu’il utilise reprennent les teintes traditionnelles, celles des ocres, de l’argile et du charbon de bois, qui sont : rouge, jaune, blanc et noir. Les thèmes se référent la plupart du temps, comme chez les autres initiés pintupi, aux Cycles Tingari, et se rapportent, au moins en partie, aux grandes étendues couvertes par les Ancêtres Tingari au cours de la période de création mythologique, le Temps du Rêve. Dans leurs mythes, les êtres Tingari auraient parcouru de vastes étendues et où ils ont créé des reliefs et enseigné les lois. Ils étaient parfois accompagnés de novices et de femmes. Les Cycles Tingari (les histoires, les chants associés et les motifs sacrés) sont très secrets. En 1998, il élabore son style très sobre. Ses peintures possèdent une audace, un élan, et une modernité qui tranchent avec le personnage assez petit, malade et leur signification profonde. Elles traduisent son autorité et sa confiance. Comme souvent dans l’art pintupi, le minimalisme de ces pièces, parfois simplement quelques lignes parallèles ou un groupe de points très gros, ne doit pas faire oublier leur profondeur. Peu à peu grâce à ce nouveau style, George devient l’un des artistes influent de l’Ouest du désert. Ses toiles sont montrées un peu partout en Australie mais aussi en Europe et aux USA. Il doit cependant mettre fin à sa carrière suite à des problèmes de vue. Nous avons eu la chance de le rencontrer en 2000. Ce qui m’avait frappé c’était le contraste très fort entre les photos de George, où il apparaît souvent avec un visage fermé, dur. Effectivement si vous preniez un appareil photo il prenait immédiatement cette mine fermée. Mais si vous le posiez, alors il se mettait à sourire et il était rayonnant, avec une présence bienveillante rare. Collections : Artbank, Sydney Kaplan Levi Collection, Seattle, USA Museums and Art Galleries of the Northern Territory, Darwin National Gallery of Australia, Canberra National Gallery of Victoria, Melbourne Robert Holmes a Court Collection, Perth Supreme Court of the Northern Territory, Darwin Vroom Collection, The Netherlands Fondation Burkhardt-Felder Arts et Culture, Motiers, Switzerland Hood Museum, USA Aboriginal Art Museum, The Netherlands Selected Solo Exhibitions 2022 Ngangkari - Clever Man, Japingka Gallery, Freemantle Selected Group Exhibitions 2007 Redrock Gallery, International Art Expo, Beijing, PR China 2007 Redrock Gallery, Grand Hyatt Hotel, Beijing, PR China 2007 Redrock Gallery, China World Exhibtion Centre, Beijing, PR China 2007 Redrock Gallery, Gallery Grand Opening Beijing, PR China 2003-2006 Redrock Gallery, Melbourne 2002 Mine, Gallery Gondwana, Alice Springs 2001 alice.fitzroy@af, Alliance Francaise de Canberra and French Embassy, Canberra 2001 Country After Rain, Framed - The Darwin Gallery, Darwin 2000 From Utopia to Kintore, Group Exhibition, Melbourne 2000 Lines, Fire Works Gallery, Fortitude Valley, Brisbane 2000 Recent Paintings by Walala Tjapaltjarri and Dr George Tjapaltjarri, Coo-ee Aboriginal Art Gallery, Sydney 2000 Landmarks, Brisbane Powerhouse, Dar Festival, Queensland 1999 Tingari Cycle, Fire-Works Gallery, Brisbane 1999 Painting the Desert, Alliance Francaise de Canberra & French Embassy, Canberra 1998 Dr George Tjapaltjarri, Gallery Gondwana, Alice Springs 1998 Queensland Museum, Brisbane 1998 Tingari - My Dreaming, Japingka Gallery, Perth 1998 Tingari Cycle - Paintings of the Pintupi, Gallery Gondwana, Alice Springs 1998 Warlimpirrnga Tjapaltjarri and Dr George Tjapaltjarri, Coo-ee Aboriginal Art Gallery, Sydney 1993 Chapman Gallery, Canberra 1992 Dreamtime Gallery, Broadbeach, QLD 1990 Araluen Arts Centre, Alice Springs 1989 Mythscapes, National Gallery of Victoria, Melbourne 1988 Queensland Museum, Brisbane
Dulcie Long Pwerle Dulcie est née vers 1979 sur les terres d’Utopia (très exactement elle vient du campement de Mosquito Bore mais elle est née sur le campement de Boundery Bore). Elle est la fille de Jeannie Petyarre, la demi-sœur de Gloria et Kathleen Petyarre. Elle décrit les feuilles de l’igname, un tubercule qui revêt une très grande importance : il est l’un des principaux Rêves des femmes Anmatyerre de la région d’Utopia.
Edward Blitner (Eddie Taiita Blitner) est né en décembre 1964. Il est originaire de la communauté de Ngukkurr (parfois nommée aussi Yugul Mangi) sur la rivière Roper, au sud-est de la Terre d’Arnhem. Son envie de peindre naît très tôt, lorsqu’il a à peine 7 ans. C’est en voyant son grand père peindre sur écorce, mixer les pigments naturels que la motivation voit le jour. Peu à peu les histoires qui vont l’inspirer durant sa carrière lui sont révélées. Avant de devenir peintre, Edward ira à l’école à Adelaide puis occupera des emplois dans les fermes d’élevage. Il participe aux manifestations pour une rétribution égale entre employés blanc et aborigènes (mouvement lancè par Vincent Lingiarri en août 1976). Edward est un artiste complet. Il est surtout célèbre pour ses peintures mais sculpte également et fabrique des boomerangs, didgeridoosou des lances destinés à la vente. Mais en dehors du commerce, il réalise aussi des objets pour les cérémonies de son clan. Le style d’Edward est assez classique, traditionnel. Il produit des peintures « radiographiques ». Les animaux ou les esprits sont représentés avec les caractéristiques extérieures (en général de profil) mais également des organes internes comme la colonne vertébrale, le cœur, les poumons… . Ce style est probablement à la fois didactique (on peut apprendre aux jeunes chasseurs où viser l’animal, quels sont les organes comestibles,…) et ésotérique (tel organe de tel Ancêtre est à l’origine de telle colline, etc…). Mais il peint aussi beaucoup les esprits Mimi, des esprits ayant forme humaine qui courent, dansent, chantent. Ce sont eux qui sont censés avoir appris aux Aborigènes les techniques de chasse, les rituels, les danses… . Ils vivent toujours dans les crevasses, les arbres, rochers… Les esprits Mimi pourraient être assimilés à nos lutins, nos farfadets ou korrigans bretons. En transmettant leurs connaissances aux Aborigènes, ils ont montré un aspect très positif. Toutefois, ils peuvent se montrer farceurs et même peuvent vouloir se venger si l’on vient chasser sur leur territoire. Ils sont donc craints. Les Ancêtres quant à eux, même si ils se montrent très souvent violents, amoraux, sont presque toujours considérés comme des Etres positifs puisqu’ils ont créé la vie, les hommes et les objets qu’ils utilisent quotidiennement comme le boomerang, donné les lois et les rituels. En 1999 il remporte le premier prix lors du Barong Aboriginal Cultural Festival.
Eileen Adamson Eileen vient de ces terres isolées où, en 1962, on localisa le dernier couple à vivre en nomade, sans contact avec l’homme blanc (en 1984 on trouve un autre groupe familial isolé, de 12 individus, dans le Désert Occidental, plus au Nord). Les sécheresses répétées avaient conduits la plupart des Ngaanyatjarra et leurs voisins à quitter leurs terres traditionnelles. Les uns rejoignant le sud de l’Australie Occidentale, une autre partie Haasts Bluff ou Kintore dans le Désert Occidental et une grosse partie rejoignant les communautés du sud du Désert Central comme Ernabella ou Fregon. Eileen et sa famille se sont fixées à Amata. C’est là qu’ils vont imposer un style riche en couleurs et en formes. Les toiles évoquent le désert, la topographie, les ruisseaux, les terres argileuses qui retiennent la pluie … quand elle veut bien tomber… et toutes sortes de nourritures que les Aborigènes savent trouver.
Eileen Adamson (Aileen Adamson) Eileen vient de ces terres isolées où, en 1962, on localisa le dernier couple à vivre en nomade, sans contact avec l’homme blanc (en 1984 on trouve un autre groupe familial isolé, de 12 individus, dans le Désert Occidental, plus au Nord). Les sécheresses répétées avaient conduits la plupart des Ngaanyatjarra et leurs voisins à quitter leurs terres traditionnelles. Les uns rejoignant le sud de l’Australie Occidentale, une autre partie Haasts Bluff ou Kintore dans le Désert Occidental et une grosse partie rejoignant les communautés du sud du Désert Central comme Ernabella ou Fregon. Eileen et sa famille se sont fixées à Amata. C’est là qu’ils vont imposer un style riche en couleurs et en formes. Les toiles évoquent le désert, la topographie, les ruisseaux, les terres argileuses qui retiennent la pluie … quand elle veut bien tomber… et toutes sortes de nourritures que les Aborigènes savent trouver.
Eileen, comme nombreux autres Pintupis née avant 1960 (pour son cas, 1956), se souvient encore de sa vie traditionnelle, quand elle arpentait le bush avec sa famille. Ses parents sont des membres importants de cette ethnie et vont jouer chacun à son tour un rôle important dans le mouvement pictural. Son père est le grand Charlie Tarawa Tjungurrayi et sa mère Tatali Nangala. Sa carrière artistique démarre vraiment en 2002 lorsqu’elle se met à peindre régulièrement. Eileen est une pionnière. Très proche d’artistes hommes comme Kenny Williams Tjampitjinpa, elle adopte un style proche de ceux-ci, avec des motifs minimalistes quoique marqués par des couleurs brillantes et chaudes, mixe de rouge, jaune, orange et blanc. Elle est ainsi l’une des premières artistes du Désert occidental à prendre cette orientation. Ses dernières années son succès s’est confirmé par le prix du Redlands Wespac Prize qu’elle remporte en 2005 et par la participation à de nombreuses expositions prestigieuses à travers le monde. Elle s’inspire le plus souvent d’histoire de quête de nourriture sur le site de Tjiturrulpa. Coll : Art Gallery of New South Wales, National Gallery of Australia
Eileen Yaritja Stevens (vers 1910 / 1919 - 19 February 2008) est née à Mikiri dans le nord de l’Australie Méridionale, non loin de la frontière avec les deux autres états de l’Australie Occidentale et du territoire du Nord. Ce site est associé au Rêve de la Fourmis à Miel et les femmes viennent y faire des cérémonies. Bien qu’elle se dise principalement Pitjantjatjarra, son père était issu du groupe linguistique Yankunytjatjara et sa mère Ngaanyatjarra. Elle a vécu une bonne partie de sa jeunesse à Ernabella où une mission s’était installée. Elle se rapellait s’être occupée de la traite des chèvres. Elle finira par s’installer à Nyapari, le pays de son mari, un site très beau, aux pieds des Mann Ranges. Les Mann Ranges possèdent de nombreux sites sacrés tout comme des sites propices pour installer un campement pour quelques jours, avec des points d’eau par exemple. Sa carrière très courte, seulement 4 ans, ne l’empêche pas de se faire un nom sur le marché de l’art aborigène. C’est que son style, frais, gestuel et spontannée, et son talent de coloriste a apporté quelque chose de nouveau. Parfois appelée Kunmanara Yaritja Stevens depuis son décès. Il est interdit de prononcer le nom d’une personne morte récemment et Kunmanara est un terme de respect utilisé pour remplacer le prénom des Anangu décédés. Eileen s’est elle aussi inspirée largement du site Piltati et des histoires qui lui sont associés. D’avantage les versions féminines. Piltati est un lieu important pour le Wanampi Tjukurpa (histoire de la création du Serpent d'Eau). Cette œuvre est liée à une partie de l'histoire associée au paysage de Piltati : Un jour, les sœurs ont décidé de manger elles-mêmes la nourriture parce qu'elles en avaient assez de toujours garder de la nourriture pour les deux hommes. Les frères étaient vraiment en colère contre les femmes pour avoir mangé toute la nourriture et ont dit "nous pourrions nous transformer en oiseaux spirituels et tromper les deux sœurs". Ils discutèrent longuement de leur idée et finirent par accepter de se transformer en wanampi (serpents d'eau géants). Le jour suivant, lorsque les sœurs sont allées chercher des kuka, elles ont vu la marque d'un grand kuniya (serpent) et ont été très heureuses en pensant qu'elles auraient ainsi suffisamment de nourriture. Elles creusaient ici, dans ce trou de serpent, creusant et creusant profondément, mais après un dur labeur, ils n'ont déterré qu'un petit serpent. Ils ont creusé de nombreux trous à la recherche d’un serpent qu’elles pensaient plus gros, qui offrirait plus de nourriture, mais ce wanampi était trop intelligent pour eux. Elles ont creusé de plus en plus profondément pendant plusieurs jours pour essayer d'atteindre ce qu'ils pensaient être un très gros kuniya (serpent tapis). Les deux frères sont sortis du trou et ont mangé les deux sœurs. COLLECTIONS National Gallery of Victoria, Melbourne Ian Berndt Collection, Perth Art Gallery of Western Australia, Perth Art Gallery of South Australia, Adelaide The Merenda Collection The Marshall Collection, Adelaide National Gallery of Australia, Canberra Araluen Gallery, Alice Springs Kaplan-Levi Collection, Seattle, USA Lagerberg-swift coll, perth The Lepley Collection Perth The Murdoch University art collection W and V Mc Geoch, Melbourne
Elizabeth Kunoth Kngwarreye Elizabeth est née en 1961 dans la région d'Utopia. Elle est la fille de Nancy Petyarre, l'une des sept célèbres soeurs Petyarre. Elizabeth habite dans le campement, l' »outstation » de Mosquito Bore avec son mari, Cowboy Louie Pwerle, qui est également un artiste établi. Les peintures d’Elizabeth représentent son pays parsemé de graines, symbolisées par des petits points se déplaçant d’une œuvre à l’autre comme une brise emportant les graines dans leur voyage dans le désert. Les peintures d’Elisabeth représentent les graines de la prune sauvage, un petit fruit très nutritif qui peut être mangé cru ou cuit les femmes, accompagnées des enfants, ramassent les prunes sauvages. La floraison de couleurs qui distingue le prunier après la chute de la pluie se transforme rapidement avec les longs mois d'été chauds. Séchées et séparées, la graine et la cosse sont dispersées sur par les vents chauds de l'été
ELIZABETH MARKS Elizabeth est née à Papunya à la fin des années 1950. Promise à Old Mick Namarrari, elle se marie avec lui en 1980. Elle a plusieurs enfants de ce mariage, 2 fils et 1 fille. En 1980, Mick estdéjà un artiste renommé et une personnalité très respectée dans l’Ouest du Désert Central. C’est également au début des années 1980, après les nouvelles lois permettant aux Aborigènes de regagner leurs terres ancestrales, que Mick rejoint Kintore avec toute sa famille. Un peu plus tard il s’établit à Nyunmanu, une oustation (un campement où vit 1 ou plusieurs familles). Elizabeth peint en autre les Rêves du Kangourou et Rêve de Dinde Sauvage. Elle possède des droits importants sur les terres situées à l’Est de Kintore et notamment sur le célèbre site de Kalipimpa, un point d’eau associé à de très nombreux Rêves. Elizabeth continue d’y célébrer les rites vieux de milliers d’années. En 1998, Mick décède. C’est alors à elle de subvenir aux besoins de sa famille. Elle commence alors à peindre sérieusement. Son style va s’affirmer peu à peu. Elizabeth aime peindre avec seulement quelques couleurs, souvent une seule, du blanc par exemple sur un fond ocre ou noir. Ses compositions mettent l’accent sur la structure, très géométrique au point de former des jeux optiques très prononcés créant un effet tridimensionnel s’inspirant, comme ici, des éclairs et de la foudre sur le site de Kalipinpa et de l’environnement de ce site, les dunes, les collines, des creeks asséchées qui se gonflent d’eau lors des pluies, des roches,… Collections : Museums & Art Galleries of the Northern Territory. Artbank. National Gallery of Australia. Griffith University Art Collection.
Elizabeth Napaljarri Katakarinja Elizabeth Napaljarri Katakarinja est née en 1963 à Hermannsburg, une communauté aborigène du Désert Central australien Elle est la petite fille d’un Aborigène très célèbre, Albert Namatjira, le premier aborigène a avoir obtenu la citoyenneté australienne (il faut attendre un référendum en 1967 pour que les Aborigène obtiennent cette égalité !). Namatjia, connu pour ses aquarelles de style occidental a eu une forte influence sur les artistes d’hermannsburg. Elizabeth est multilingue, parlant le Warlpiri, le Waramunga, l’Aranda (Western Arrente) et l’anglais. Elle est allée à l'école primaire à Hermannsburg, puis au Yirara College, une école réservée aux Aborigènes à Alice Springs. Puis elle a continué ses études à darwin. Quand elle a fini sa scolarité, elle est retournée à Hermannsburg et a occupé différents emplois associés au monde social ou à l’art et l’artisanat. En 1999, Elizabeth a épousé Simon et s’installe à Yuendumu, Elle y trouve facilement un emploi avec son niveau d’étude mais se lance dans la peinture à partir de 2007. Elle peint ses jours de congé et après le travail. Elle s’inspire essentiellement d’histoire du Temps du Rêve qu’elle tient de son grand-père. Elle aime particulièrement peindre Jajutuma Jukurrpa (Caterpillar Dreaming / Rêve de Chenille).
Elizabeth Napangardi Lechleitner Cette peinture de Majarrdi Jukurrpa (cheveux string jupe rêver) raconte l'histoire d'un élément important dans la plupart des activités cérémonielles des Warlpiri. Majarrdi désigne une ceinture en cheveux et fibre végétale créant une jupe que les femmes portent pour des danses rituelles, appelés Yawulyu (Awelye). Cheveux sont enroulés dans une chaîne en utilisant une technique de frottement sur la cuisse et ensuite filé sur un axe de bâton et alors transformé en une ceinture ou une jupe. Dans le temps des femmes de la parenté Napangardi et Napanangka héros ancestral du Temps du Rêve vivaient à Mina-Mina, loin à l'ouest de Yuendumu. Comme ils ont commencé à voyager vers l'est elles ont commencé à recueillir Ngalyipi (serpent vigne, ou liane serpent,, Tinospora smilacina), une plante utilisée pour faire les sangles et les cordages, notamment la sangle qui sert à fixer les Parraja (ou coolamons, plateaux traditionnels en bois) et servent aussi à soulager les maux de tête lorsqu’on les noue autour du front. Dans les peintures contemporaines des artistes Warlpiri l’ iconographie traditionnelle est utilisée pour représenter le monde sacré du Rêve (Jukurrpa), associé aux sites et aux éléments naturels. Les femmes NAPANGARDI et Napanagka sont le Kirda (propriétaires) de la terre et de la cérémonie pour le Majarrdi et la région de Mina Mina.
Elizabeth Nyumi Nungurrayi (née vers 1947) est la sœur de Patrick Tjungurrayi et de Brandy Tjungurrayi, tous deux des artistes accomplis. Sa mère était une pintupi originaire de la région de Kiwirrkura. Elle décède alors qu’Elizabeth est encore jeune, mordu par un dingo. Son père est un locuteur Ngaanyatjarra, peuplade originaire du sud du Désert Central. La famille rejoint Balgo en longeant la Canning Stocke Route. On y distribue alors des rations alimentaires à la mission. Elle aussi a vécu très longtemps à Balgo avant de s’installer avec son mari, Palmer Gordon, dans une communauté proche et dépendante artistiquement de Balgo, Billiluna. Comme son mari (un homme aux connaissances profondes) et ses frères, Elizabeth est très impliquée dans la transmission de la culture. C’est ainsi qu’elle profite de chaque occasion pour transmettre les chants, danses mais aussi collabore avec la clinique de la communauté en utilisant les méthodes traditionnelles de soins. Elle commence à peindre en 1987 (1988 selon d’autres sources). Elle a mis au point un style particulier : les motifs que l’on connaît comme les campements, les femmes, la grande variété de nourriture du bush (surtout les tomates sauvages Pinatalypa) sont rehaussés de points clairs déposés avec un bâtonnet qui laisse à chaque fois beaucoup de matière et donne un aspect très vibrant à ses compositions. Ce fond dense serait aussi une référence aux graines du spinifex. Elle décrit ainsi l’environnement de sites sacrés dont Wirrilpinya ou Karliarngu et Parwalla, là où elle a passé du temps lors de sa jeunesse. Le contraste entre sa peinture et surtout les teintes dominantes, et celle des autres artistes de Balgo est très marqué. Certainement l’une des artistes les plus intéressantes de cette zone géographique. L’art de cette région est dominé par les teintes chaudes, rouges, orange, jaunes. Les points, souvent collés entre eux, donnent un sentiment de matière épaisse, et les maîtres artistes parviennent à donner une impression de dynamisme très prononcée. Collections National Gallery of Australia, Canberra National Gallery of Victoria, Melbourne Art Gallery of Western Australia, Perth Museums and Art Galleries of the Northern Territory, Darwin Museum of Contemporary Art, Sydney Artbank, Sydney The Holmes a Court Collection, Perth Araluen Arts Centre, Alice Springs Art Gallery of New South wales, Sydney Art Gallery of Western Australia, Perth Parliament House, Canberra Morven Estate Helen Read Collection Harland Collection Aboriginal Art Museum, Utrecht, The Netherlands Laverty Collection
Erica Napurrurla Ross vit à Yuendumu, une communauté aborigène située à 290 km au nord-ouest d'Alice Springs. Elle est née et a grandi là-bas en fréquentant l'école locale. Elle est ensuite allée à l'école à Alice Springs au Yirara College, un internat aborigène. Depuis qu'elle a terminé ses études secondaires, Erica a suivi une série d'études supérieures au Batchelor College d'Alice Springs et de Darwin. Le premier travail d'Erica consistait à enseigner l’anglais et à traduire. Elle a par la suite travaillé pour le centre d’art, comme personnel administratif mais s’est engagée peu à peu dans la peinture. Elle a occupé d’autres postes dans la communauté de Yuendumu, s’investissant dans la vie sociale.
Erica Napurrurla Ross vit à Yuendumu, une communauté aborigène située à 290 km au nord-ouest d'Alice Springs. Elle est née et a grandi là-bas en fréquentant l'école locale. Elle a ensuite étudié à Alice Springs au Yirara College, un internat aborigène. Depuis la fin de ses études secondaires, Erica a poursuivi diverses études au Batchelor College à Alice Springs et à Darwin. Elle a tout d'abord travaillé comme interprète à l'école puis a travaillé au centre d'art notamment à la préparation des toiles destinées aux peintres. Alors qu'elle travaillait au centre d'art, elle a commencé à peindre elle-même. Elle étudie paraléllement au Batchelor Institute à Alice Springs où elle est sur le point de terminer un diplôme d' interprète. Pendant ses études, elle a tout d’abord travaillé avec le programme pour les personnes âgées de Yuendumu et jusqu’à récemment, elle travaillait comme réceptionniste pour le Central Desert Shire (Conseil de Yuendumu). Erica a deux enfants et est une grand-mère.
ESTHER GILES NAMPITJINPA Esther Giles est née vers 1944 (entre 1938 et 1948 selon les sources). Durant sa jeunesse, son groupe familial se déplace dans le désert, comme il y a des milliers d’années, vivant de la chasse et de la cueillette. Ils vont de point d’eau en point d’eau, vivant au jour le jour. Les gens de cette génération ont une connaissance profonde de leur pays Les sécheresses répétées conduisent la plupart des Ngaanyatjarra à quitter leurs terres traditionnelles. Les uns rejoignant le sud de l’Australie Occidentale, une autre partie Haasts Bluff ou Kintore dans le Désert Occidental et une grosse partie rejoignant les communautés du sud du Désert Central comme Ernabella, Fregon et entre les différentes zones Warburton. Son groupe familial va s’établir à Warburton, où une mission chrétienne s’est installée. Puis le gouvernement fait construire une piste qui mène à 240 km de là, sur les terres des Pintupi et des Ngaanyatjarra . Elle rejoint alors cette communauté très isolée, Patjarr, - toujours en Australie Occidentale mais proche de la frontière avec le Territoire du Nord. C’est là qu’elle se familiarise avec la peinture. Son beau-frère est l’un des artistes célèbres de cette région : Jackie Giles ; et c’est le premier à se lancer dans l’aventure artistique. Au départ, il n’a même pas de brosses pour peindre, il doit peindre avec ses doigts ! Le centre artistique ouvre officiellement en 2004. Comme les Aborigènes se déplacent souvent, pour voir des membres de leur famille par exemple, certains ont déjà peint pour d’autres centres artistiques et ont déjà une certaine expérience. Ainsi Esther peint parfois à Tjukurla, près de Docker River. Dès le départ, sa personnalité calme autant que ses premières productions colorées attirent le regard de marchands. Elle réalise aussi des sculptures ou des paniers en fibre. Mais le destin n’en a pas terminé avec Esther. Alors qu’une partie des anciens de la communauté disparaissent elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer dont le diagnostic tardif laisse supposer une issue fatale. Elle doit au plus tôt se rendre en ville, à Alice Springs pour suivre un traitement. Sa vie bascule. Elle trouve refuge chez un marchand indépendant qui va lui fournir les moyens de s’épanouir artistiquement. Elle y retrouve ses deux sœurs Mrs Bennett (Nyurapayia Nampitjinpa – en fait une demi-sœur ou une sœur clanique) et Tjawina Porter Nampitjinpa. Là les trois « sœurs » vont produire des œuvres majeures dans des conditions de vie décentes. Le studio où elles travaillent est propre, climatisé, avec du personnel pour leur faire à manger, pour préparer les toiles, la peinture et disposent de chambres. Elles peuvent se concentrer sur leur travail et uniquement ça. Et les œuvres qui vont sortir sont parmi ce qui se fait de mieux dans l’art aborigène. Les sœurs sont à l’aise sur les grands formats, qui permettent de condenser toute l’histoire sacré d’une région. Car l’art aborigène est une mixe entre cartographie, géographie et histoire mythologique. Les détails sont là mais les teintes restent restreintes, le beige prenant le dessus. C’est alors seulement le rythme des lignes et des points, petits, serrés, et la façon de déposer les points de façon très dense, de manière à créer un aplat ou au contraire en les espaçant et en libérant de l’espace, comme une respiration qui insufflent la vie. Rarement les diagrammes anciens, traditionnels ont trouvé à s’exprimer sur des supports modernes avec une telle force et une telle beauté. Pas d’esbroufe chez ses femmes, la gamme chromatique réduite généralement à sa plus simple expression contraint à trouver la force dans le motif seul, dans la composition. Et les sœurs excellent en la matière. On est ici au sommet de l’art aborigène, car sont réunis la force des motifs millénaires, des récits des temps immémoriaux, et la puissance du médium moderne et de ses possibilités. Faut-il encore le canal qui fera le lien, le plus qui distingue les grands artistes. On peut s’enthousiasmer devant le résultat mais c’est encore plus intéressant quand on devine la richesse de ces toiles. Au niveau plastique, rien à dire, on sait qu’on est devant des chefs d’œuvres (pour ceux qui auront eu la chance de voir les grandes toiles de Mrs Bennett et d’Esther tout particulièrement) mais l’émotion est encore plus profonde lorsqu’on pense au cheminement de ses femmes, à leur histoire personnelle et aux connaissances qu’il leur fallu acquérir (physiques et spirituelles) pour en arriver là. Elles représentent la quintessence de la culture aborigène où les aînés sont respectés pour leurs savoirs. Elles ne savent pas lire ou écrire mais savent parfaitement les chants, les danses, la moindre ondulation des paysages dont elles ont la responsabilité, où se trouve l’eau et la nourriture dans une zone plutôt hostile. Ce qui surprend chez ces sœurs, comme chez beaucoup d’autres artistes aborigènes, c’est le rendu très contemporain. Les formes sont répétitives comme souvent dans l’art aborigène. Les demis cercles, les cercles, les lignes sinueuses ou plus ou moins droites, où les décrochés viennent créer des effets optiques et renforcer le côté dynamique. On pense aux gravures sur les tjuringa, les objets sacrés aborigènes et aux peintures rupestres. Mais aussi aux objets que les femmes confectionnent pour les cérémonies, à l’aide de cheveux, de fibres végétales : bandeaux ou jupes. Esther retrouve la santé…peut-être aidée par à un voyage sur ses terres et par la peinture. En 2011 elle a l’honneur de voir ses œuvres présentées à la Biennale de Venise. Et Il y a quelques mois Esther s’attaque à un format monumental où doit se confronter les images de son « pays » et celles de sa propre vie. Le titre Kuru Yurltu se réfère à un site et bien entendu décrit le paysage qui l’entoure tout en détaillant – mais de façon symbolique – les actions des Ancêtres Créateurs (dont le Serpent d’Eau). Ce sont aussi les initiées qui réalisent les cérémonies, chantent et dansent. Une œuvre aboutie, réfléchie, longuement mûrie. Un condensé des expériences d’Esther et de ses réflexions sur sa vie, sur la signification de la vie, du destin, du Rêve. Un témoignage d’une culture ; un témoignage qui parait venir de la nuit des temps et qui restera pour les générations à venir. Elle est décédée.
Eubena Nampitjin Acrylique sur toile – Ethnie Kukatja – Balgo – Kimberley Très belle pièce, tant par le motif, simplifié à l’extrême, la force de l’exécution, et le mélange adroit des teintes chaudes et sourdes qui ont fait la renommée de Eubena. Malgré l’aspect très abstrait de cette toile, il ne faut oublier sa signification, associée aux épisodes du Temps du Rêve. Eubena est une grande artiste mais son statut d’initiée est tout aussi important. Les teintes solaires de Eubena Nampitjinp, de la lointaine communauté de Balgo, apportent une touche lumineuse à cette vente. Cette femme de près de 90 ans est aujourd’hui incontestablement l’une des grandes figures de l’art aborigène. Sa peinture, très marquée, puise dans son histoire personnelle si riche, dans ses expériences si marquantes comme ceux qui accompagnent l’arrivée des blancs dans le Kimberley (Eubena les prendra pour des fantômes au départ). Fière de sa culture, matriarche au caractère affirmé, très curieuse depuis sa plus tendre enfance, elle met ses connaissances profondes que lui confère son âge – près de 90 ans – au service de son art. Sa mère, Mukata est morte alors qu’elle est encore qu’une enfant. Il est dit qu’elle est morte suite aux pratiques magiques d’initiés Wangkajungka qui auraient chanté les étoiles pour les faire tomber et toucher sa mère… C’est que la magie marque la vie de Eubena. Kinyu, l’Ancêtre Dingo est une présence constante, bénéfique et puissante durant la vie de Eubena. Cet Ancêtre est associé au site de Kunawarritji dans le Great Sandy Desert. Voici un exemple de cette relation privilégiée entre Kinyu et le groupe familiale de Eubena : avant de partir en quête de nourriture, les femmes plongent leurs bâtons à fouir dans le sable de la dune où l’essence spirituelle de Kinyu est présente, afin de s’assurer une collecte fructueuse. Eubena est l’une des deux responsables de Kinyu, gradiennes des sites où son esprit réside. “I like painting from my heart. My uncle gave me maparn (traditional healing powers) and I have that strong spirit. I like to do paintings, big ones, to keep my spirit strong.” Cette force qui habite Eubena est visible, palpable dans ses peintures. Il émane de ses œuvres une force qui semble vouloir jaillir de la toile comme les Ancêtres ont ainsi façonné la terre. Elle termine ses œuvres en rajoutant des détails qui sont autant de rappels aux sites sacrés, marqués de l’empreinte des Ancêtres ou réminiscence des peintures corporelles qui couvrent le haut des corps des femmes lors des cérémonies. Evocation spirituelle du Temps du Rêve, du pouvoir de guérison et de vie, rythmes des femmes dansant en pas chaloupés tenant les « dancing boards » entre leurs mains, connaissances au combien profondes du bush, des sites sacrés et de leurs connexions, la peinture de Eubena est tout ça et bien plus. Elle est aussi peinture contemporaine, pont entre deux cultures. Collections : Gantner Myer Collection Art Gallery of New South Wales Kaye Archer Collection National Gallery of Australia National Gallery of Victoria The Holmes a Court Collection The Kelton Foundation, Santa Monica, USA Laverty Collection Kluge Ruhe Collection, USA Helen Read Collection ArtBank Western Mining Corporation Collection Levi-Kaplan Collection, Seattle Williams Collection Thomas Vroom Collection, Amsterdam Harland Collection Ken Thompson and Pierre Marecaux Collection
EUNICE NAPANGARDI (née au début des années 50 – Luritja / Warlpiri) Eunice est née au début des années 50 à Yuendumu. Elle a été l’une des premières artistes. Marié à Kaapa Tjampitjinpa, l’un des membres fondateurs du mouvement pictural, elle commence à se familliariser avec la technique pointilliste en aidant son « vieux mari du bush » à compléter le fond de ses toiles durant plusieurs années. Puis, au début des années 80, elle obtient le droit de peindre ses propres motifs et dés lors est considérée comme l’une des artistes majeurs. A la mort de Kaapa, elle se marie avec Maxie Tjampitjinpa, un autre artiste qui va marquer les années 80. Elle va d’ailleurs exposer régulièrement dans les grandes villes australiennes avec lui ainsi qu’avec sa « sœur » Pansy. Eunice est l’une des trois femmes artistes sélectionnées pour un projet d’exposition itinérante lié aux célébrations du Bicentenaire (de l’installation des Anglais – Bicentennial Travelling Exhibition). Elle participe également à l’inauguration de la fresque que le gouvernement lui commande pour l’aéroport d’Alice Springs (Décembre 91) : Eunice et Clifford Possum, un artiste très connu à qui ont à également demandé de peindre une toile monumentale, voient ainsi leurs travaux récompensés. L’année suivante une autre toile lui est spécialement commandée pour une exposition itinérante dont la première étape est Washington (USA). Son interprétation du Rêve de Banane Sauvage est désormais célèbre mondialement. Ses œuvres sont présentes dans d’importantes collections : Woolongong City Art Gallery, Federal Airports Corporation, Fondation Kelton (USA), Ebes Collection…