Clifford Possum Tjapaltjarri

Clifford Possum Tjapaltjarri Clifford Possum est peut-être le plus célèbre des peintres aborigènes, et cela ne doit rien au hasard. Emily Kame Kngwarreye est parvenue à insuffler le sentiment de vie à ses peintures. Tommy Watson semble nous montrer les forces telluriques forgeant les sites sacrés. Rover Thomas a chercher à résumer au mieux histoires, géographie, souvenirs. Ronnie Tjampitjinpa et George Tjungurrayi ont épuré au maximum les motifs et ainsi retrouvé la force de la ligne ou du cercle, qui sont aussi les signes de base de cette culture, probablement les plus anciens. Dorothy Napangardi est allée loin dans l’exploration d’un style personnel et des possibilités offertes par une technique simple. Clarisse Poulson Nampijinpa et d’autres ont poussé loin le côté décoratif. L’audace des couleurs et la quête de fluidité a marqué l’œuvre de Judy Watson Napangardi. Clifford, lui, a offert le plus bel des écrins à des histoires que nous ne comprenons pas mais qui ont été le ciment d’une société pendant des dizaines de milliers d’années. Ses grandes œuvres sont souvent décoratives mais vont tellement plus loin que ce côté décoratif. Maître du point et du détail, il peut faire le choix volontaire de laisser les aspects qui sont ses points forts pour construire des séries avec de grandes lignes de force, allant vers une sorte de fusion des styles classiques warlpiri, anmatyerre et pintupi. Parfois les artistes semblent aveugler par leur égo. Seul compte le nouveau, le choquant, l’esbroufe ou bien ils oublient l’idéal qui devrait plus souvent les guider. Chez Clifford, on sait d’évidence qu’il est au service de la tradition. Mais aussi du beau et de l’équilibre. C’est un artiste complet. Il s’adapte si bien au Rêve qu’il veut peindre. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il était devenu artiste, il a répondu : "Ce rêve a toujours été. Depuis nos débuts, avant l'arrivée des Européens. Ce rêve continue ». Les personnes âgées s'occupent de la continuité des lois, de leur transmission, de l'enseignement des jeunes. « Grand-père et grand-mère, oncle et tante, maman et père , tout ça, ils ont continué, leur ont appris à tous les jeunes garçons et filles. Ils ont utilisé les planches de danse, la lance, le boomerang, tous peints. Et ils les ont utilisés sur le corps à différents moments » (évoquant les motifs sacrés). Tous les jeunes vont à la chasse et les vieux là-bas font de la peinture sur sable. Ils ont couché toute l’histoire, comme je le fais sur toile. Tout le monde a peint. Ils utilisent les ocres de toutes les couleurs de la roche. Les gens les utilisent pour peindre. J'utilise de la peinture et des toiles qui ne viennent pas de nous, des Européens. Pour les cérémonies, nous n'utilisons pas les peintures comme je les utilise, non, nous les utilisons les pigments, issus de roches. ». Il est né dans le lit d'un ruisseau à Tjuirri, au cœur du pays d'Anmatyerre, à environ 200 kilomètres au nord-ouest d'Alice Springs, également connue sous le nom de Napperby. Cependant, la date de sa naissance est inconnue, car à cette époque il n’y a aucun registre de naissances et les âges donnés sont approximatifs. Il a hérité de son grand-père le nom tribal Upambura, traduit plus tard en Possum en anglais, et n'a commencé à utiliser le nom Clifford que dans les années 1950, qu'il lui vient d'un missionnaire luthérien qui a visité son pays natal. Upambura était un nom également hérité par le demi-frère aîné de Clifford, Cassidy Possum Tjapaltjarri, ainsi que par ses deux filles Gabriella Possum Nungurayi (née en 1967) et Michelle Possum Nungurayi (née en 1970). Possum fait bien entendu référence à l’Ancêtre Opossum. Le fait d’avoir le nom de Possum s'accompagnerait d'un ensemble de responsabilités cultuelles. Il ne s’agit pas seulement d’un joli surnom... Le père de Clifford était Tjatjiti Tjungurrayai. La mère de Clifford Possum était connue sous le nom de « Long Rose » Nangala. Son père serait mort de soif. Clifford disait se souvenir du moment où ils ont laissé son père (« nous étions tous là. Nous avons pleuré puis nous sommes partis. C’était à Coniston »). Nous sommes alors dans les années 1940. Tjatjiti Tjungurrayi aurait également été fait prisonnier par l'agent William Murray lors du massacre de Coniston en 1928. C’est aussi la période où Clifford perd la vue de son œil droit, mais il ne révélera jamais dans quelles circonstances c’est arrivé. La famille de Clifford aurait cherché des rations dans un dépôt à Jay Creek, à environ 27 miles à l'ouest d'Alice Springs, qui avait été créé par le pasteur luthérien F. W. Albrecht. Clifford a été décrit comme souffrant de malnutrition sévère et a par conséquent été emmené à la mission d'Hermannsburg pendant une période d'environ un an, tandis que sa mère a été laissée à Jay Creek. C’est là que Clifford reçoit des notions de la religion chrétienne mais qu’on sache précisément dans quelle mesure elles impacteront ses croyances et sa vie. Il aurait déclaré : "La plupart du temps. Dieu donne des idées - la réflexion. Mais ce Rêve, c'est Dieu pour nous". Le père de Clifford est né à Ngarlu, à l'ouest du mont Allan (Aleen), un site associé à un Rêve dont son fils s’inspirera souvent : Le Rêve d’Amour. Ce Rêve est l'histoire d’un homme de la sous-section Tjungurrayai qui désirait, contre les règles de parenté, une femme Napangardi. Pour l’attirer à lui, il confectionne des objets magiques à l’aide de cheveux et en chantant (il s’agit là aussi de chants puissants, magiques) Sa mère était originaire de Warlugulong, au sud-ouest de Yuendumu ; là aussi il s’agit d’un site cérémoniel d’une grande importance, mettant en scène le Rêve de Feu. Après la mort de son père, sa mère entamerait une relation avec Gwoya Tjungurrayai, né à Ngarlu. Bien que cette région soit toujours en territoire Anmatyerre, le beau-père de Clifford avait des liens forts avec le groupe voisin des warlpiri. Chez les Walpiri, le système de noms de peau, d’appartenance clanique, celui qui va déterminer les relations familiales pour les Aborigènes, comporte huit noms différents. Ainsi, Tjungurrayi / Tjapaltjarri était l'une des quatre paires de noms transmises par une lignée patrilinéaire. Clifford appartenait au même semi-patrimoine de ses deux pères, mais à une sous-section différente : Tjapaltjarri, plutôt que Tjungurrayi. Les hommes de cette lignée alternent entre ces deux noms de parenté à chaque génération. Dans le cas du beau-père de Clifford, « Gwoja » est un vieux mot en langue Arrernte (Aranda) pour « eau » et suggère que son totem / Rêve personnel est Eau et que son principal site sacré était Watulpunya, un site associé au Rêve d’Eau près de Mount Wedge. Gwoya est cependant connu sous un autre nom : One Pound Jim Tjungurrayi. One Pound Jim, figure légendaire de l'Australie centrale, a servi de guide aux premiers voyageurs et anthropologues. Surtout il devient pour beaucoup d’Australiens le visage, le symbole, des Aborigène du centre de l’Australie. En effet, son portrait figure sur un timbre utilisé par le service postal australien entre 1950 et 1966. Son portrait illustre également des articles et se retrouve ainsi largement diffusé. Mais le massacre de Coniston, l’arrivée des blancs, de plus en plus nombreux, ont grandement perturbé le système anciens. Néanmoins les connaissances continuent d’être transmises et son beau-père initie Clifford, lui transmettant les histoires associées aux sites warlpiri. Il n’ira jamais à l’école. Assez tôt, il se met à travailler comme gardien de troupeau, avec son cousin Kaapa Tjampitjinpa, ses demi-frères Cassidy et Tim Leura ainsi qu’avec Billy Stockman Tjapaltjarri. Les relations qu’il consolide avec ces hommes, qui joueront tous un rôle très important lors de l’éclosion du mouvement artistique, se révéleront essentielles. Pour le moment, Clifford multiplie les emplois dans les fermes qui se trouvent proches des sites spirituels dont il a la charge. Il devient un cavalier émérite mais cela lui permet surtout de parcourir une région dans tous les sens et d’en développer une connaissance très profonde. Il en connaît aussi bien les pistes profanes, celles qui servent à regrouper le bétail que les « pistes du Rêve », celles qui marquent le voyage des Ancêtres du Temps du Rêve. Là aussi, le passé permettra d’éclairer le futur. Lorsque Clifford va développer son style en créant des peintures sur de grands formats, il lui sera plus facile de conceptualiser tout une région car il en connais tous les détails et tous les secrets. Il acquiert aussi un solide bagage en ce qui concerne les langues aborigènes des voisins ainsi qu’un rudiment d’anglais. Alors qu’il travaille dans les fermes depuis l’âge de 12 ans, il découvre qu’il peut gagner d’avantage d’argent en vendant des objets sculptés aux touristes qui s’aventurent vers les sites majestueux de Glen Helen. Il se met à réaliser de petites sculptures, des serpents, des lézards mais aussi des boomerangs. Et Clifford est très doué. Dès ce moment, son sens de l’espace, des formes, font merveille. C’est à la même période que Clifford va produire ses premières peintures. Il ne s’agit pas encore d’œuvres qui puisent dans le registre des histoires et de motifs traditionaux. Il s’agit de paysages, que les artistes décrivent de façon très figurative. Le premier aborigène a avoir reçu la citoyenneté australienne (oui… il faudra attendre un référendum en 1967 pour que tous les Aborigènes puissent devenir officiellement australiens) est Albert Namatjira qui avait guidé un artiste dans le bush. Cet artiste lui avait fait don de son matériel et Albert s’était mis à peindre à son tour avec succès. Les membres de sa famille s’y mettront à leur tour et cela deviendra une spécialité de la communauté d’Haasts Bluff. Cette communauté se trouve sur l’une des routes qui ménent d’Alice Springs, la seule ville du centre au le site d’Ayers Rock / Uluru. Un des fils d’Albert donne à son tour de la peinture à Clifford. Toujours dans les années 1950 il est embauché pour la construction de la nouvelle communauté de Papunya. Il y rejoint, une fois encore, son cousin Kaapa. C’est là qu’il épouse Emily Possum Nakamarra, qui deviendra la mère de ses quatre enfants (Daniel, Lionel, Gabriella et Michelle). Les étoiles s’alignent en 1971. L’expérience multiple emmagasinée par Clifford va trouver une nouvelle voie pour s’exprimer. Cette année, le mouvement artistique tel qu’il est connu aujourd’hui, démarre suite à un projet lancé par un jeune professeur idéaliste, Geoffrey Bardon. Un petit groupe d’initiés de différents groupes linguistiques se met à transférer les motifs de peintures corporels et ceux réalisés sur le sol pour les cérémonies sur des supports modernes et pérennes comme des toiles cartonnées, des panneaux de masonite et d'autres surfaces. Une coopérative est créée dans la foulée. Les œuvres s’inspirent directement de la tradition, des histoires de Tjukurrpa (Rêve), représentant la création de sites et de reliefs importants par des êtres ancestraux tout au long de leurs voyages à travers les terres traditionnelles. Clifford, sous l’impulsion de son frère Tim Leura, est l’un des derniers à rejoindre ce premier groupe de peintres, en février 1972. Mais il suit aussi son cousin, Kaapa, qui joue un rôle moteur dans la formation de ce groupe. Et on peut dire qu’à ce moment, plusieurs clans se forment, dont le ciment est le groupe linguistique. Et l’apport des Anmatyerre de Mt Allen, Clifford, Tim Leura, Kaapa et Billy Stockman est majeur. Durant cette période, le fond est souvent peu travaillé : les motifs se détachent d’autant plus du fond noir ou ocre. Peu à peu, le fond pointilliste aux effets vibratoires prend le dessus. Ce n’est pas seulement une évolution stylistique : le contenu symbolique s’efface un peu, et Johnny Warangkula Tjupurrula ou Clifford Possum Tjapaltjarri réalisent ainsi l’harmonie parfaite entre les motifs traditionnels et une vision purement artistique. Clifford a un don naturel. Il progresse très vite, ne cherchant pas à copier. On sent chez lui la volonté de créer une œuvre intégrale. Pas seulement à poser ici tels motifs, puis à emplir le fond de points. Il faut que le fond, la forme, l’équilibre général, les couleurs, tout soit mis au service de l’art. Il est toujours soucieux de rendre hommage au monde sacré du Rêve mais il veut le faire avec maestria. Parmi les précurseurs, certains vont influencer beaucoup d’autres artistes. Johnny Warangkula Tjupurrula va donner une grande importance aux décors, au fond, qu’il va remplir de hachures et de points (même si pour lui, un faiseur de pluie, ces points évoquent direcetemnt la pluie et les plantes et fleurs qui poussent). Clifford lui emboîte le pas mais conserve un style personnel dans la façon de déposer les points. C’est que Clifford est très minutieux, à un sens du détail que peu d’artistes possèdent. Ainsi les Pintupi chercheront le plus souvent à aller à l’essentielle, à ne pas trop charger leurs œuvres. On le sait aussi, les premiers peintres subissent la pression des initiés des territoires voisins qui souhaitent ne pas voir les peintres dévoiler les motifs sacrés, les détails des histoires. Il faut donc apprendre à transformer certaines formes trop suggestives, trouver comment exprimer les histoires en utilisant parfois des schémas nouveaux, mettre au point des trouvailles qui permettent une lecture à la fois aux Aborigènes mais aussi au nouveau public occidental qui découvre ces œuvres, qui cherchent aussi à les décrypter en partie. Et là aussi son apport est fondamental. Mais, comme je le disais plus haut, Clifford veut aller plus loin. Il faut se souvenir que ces artistes sont des autodidactes, qu’ils ne connaissent rien à l’art occidental. Et pourtant, Clifford a des idées très novatrices. On peut parler de génie quand on a à l’esprit les conditions dans lesquelles il a passé sa jeunesse, vivant dans le bush, isolé. Ici les artistes ont accès, encore plus depuis la diffusion d’internet, aux autres œuvres, à des écoles, … Et comme je le répète depuis des années, s’individualiser est un élan contraire à la culture aborigène. Alors, lorsqu’on juge l’art d’un Clifford Possum, gardons à l’esprit ces éléments. Et voilà que Clifford cherche à créer une atmosphère particulière. Il fera aussi évoluer sa palette, et jouera avec les couleurs pour évoquer des détails particuliers mais surtout à la fois pour découper ses grandes compositions ou pour donner une ambiance particulière. Ce n’est pas seulement les tons, les couleurs, mais dans la façon de fracturer les champ de points qui va créer des effets visuels. Dans certaines de ses peintures, Clifford tente de donner une impression visuelle de la lumière du soleil, des nuages, de l'ombre et de la terre pour désigner des moments spécifiques de la journée. Comme il s’agit de vues aériennes, les nuages viennent cacher certains éléments du territoire peint. Ces peintures, dont le rendu est spectaculaire, en plus d’êtres très inventives, soulignent le savoir-faire, la technique très poussée de Tjungurrayi. Les œuvres de début de carrière, dans des formats assez réduits, n’étaient cependant qu’un simple avant-goût de la grandeur des peintures qu’il allait créer, à une échelle sans précédent, à partir de 1976. Il va alors produire des œuvres qui combinent plusieurs thèmes – ils sont encore aujourd’hui, très peu à l’avoir fait. En principe, nous avons une peinture, une histoire. Clifford se met à décrire plusieurs sites, à la manière d’une carte qui illustrerait une large étendue de terres avec les différents sites sacrés, le voyage des Ancêtres / Rêves qui sont à l’origine de ces sites. Il est choisi par la coopérative pour peindre, avec son frère Tim Leura, une grande toile « Warlugulong, 1976 », pour un documentaire de la BBC, Desert Dreamers. Le tableau dépassait en taille et en complexité narrative tout ce qui avait été produit jusqu'à présent. Le motif central représenté le site même où Long Rose Nangala, la mère de Clifford, était née, est associé au Rêve de Feu. Et Clifford continuera à faire évoluer son style. Sur les œuvres finales les plus emblématiques, le fond pointilliste disparaît. Sur une série bien connue, les restes squelettiques de deux garçons flottent austèrement sur le fond noir. Il s’agit des deux fils de l’Ancêtre Lézard à Langue Bleu qui va déclencher un feu magique et les immoler. Ce Rêve appartient au pays dit « Warlukurlangu » (ou Warlugulong) , au sud-ouest de Yuendumu, dont les hommes Jampijinpa/Jangala et les femmes Nampijinpa/Nangala ont la garde. Cette histoire met en scène un vieil homme ‘lungkarda’ : il faut comprendre un Ancêtre nommé Lézard à Langue Bleue car il a donné vie par la suite à cette espèce animale ; mais il s’agit en réalité d’une sorte de divinité protéiforme. Cet Homme du groupe de peau Jampijinpa, vivait sur une colline avec ses deux fils Jangala. Le vieil homme feignait la cécité et envoyait les deux garçons chasser. Pendant leur absence, il chassait et mangeait tout ce qu'il attrapait avant leur retour. Un jour, les fils revinrent avec un kangourou qu'ils avaient attrapé après de nombreuses recherches. Malheureusement, le kangourou était sacré pour le vieil Homme, à l'insu des garçons. Dans sa colère, le vieil Homme décida de punir ses fils : alors qu’ils étaient sortis, il envoya un énorme feu après eux qui les a poursuivis sur de nombreux kilomètres, les propulsant parfois dans les airs. Bien que les garçons aient éteint les flammes, la magie spéciale de «lungkarda» a maintenu le feu en vie. Épuisés, les garçons ont finalement été vaincus par les flammes. Cette histoire peut paraître terrible. Attention, elle n’est pas à prendre au sens littéral. La vie dans une zone hostile où les Aborigènes vivent depuis des dizaines de milliers d’années, dépend souvent de la cohésion du groupe et du respect des règles. Il s’agit, au travers d’histoire comme celle-ci, d’apprendre aux jeunes ces lois. Il est interdit de manger son « frère » : ainsi l’homme qui a pour Rêve le Kangourou ne pourra manger du kangourou. D’autre part il existe plusieurs versions de cette histoire. Dans une version différente, le vieil Homme allume le feu car les jeunes ont mangé le kangourou seul, sans le partager. Chez les Aborigènes, il n’y a pas de possessions personnelles, et tout doit être partagé, surtout la nourriture trouvée. Ainsi, cette loi si importante sera transmise au travers d’une histoire qui doit marquer les jeunes lors de l’initiation, au moment où l’on va dévoiler ses mythes. En 1983, il remporte le 14e Prix Alice pour son « Mulga Seed Dreaming », qu'il a peint à Mbungara. En 1985, il accepte une commande du Araluen Art Center pour peindre le dessin d'une fresque murale de 25 mètres sur le mur extérieur du centre culturel d'Alice Springs. Il déménage avec sa famille en ville pour permettre à ses enfants d'accéder à l'enseignement secondaire. Sa première exposition personnelle a été organisée par l'Institute of Contemporary Art de Londres en 1988. ... . Plus tard dans la même année, il participera à l'exposition intinérante « Dreamings », qui voyage jusqu’aux USA. En 1990, il présente une autre exposition personnelle à Londres et, à cette occasion, est présenté à la reine. Mais une tragédie le frappé peu de temps après, avec la mort de sa femme et de son fils aîné. Son travail a été inclus dans de nombreuses expositions individuelles et collectives à travers l'Australie et au-delà, notamment en France, aux États-Unis et au Brésil. Il devient un ambassadeur de l'art aborigène à travers le monde. En 2002, la rétrospective de son travail, sous la forme d’une grande exposition itinérante, comprenait des œuvres couvrant les trente années de carrière de l'artiste. A cette occasion, la monographie que lui avait consacrée Vivien Johnson est republiée sous une nouvelle forme et des ajouts. Sa carrière est cependant entacher de polémiques. La découverte d'une exposition pleine de contrefaçons à Sydney à la fin des années 1990 et la publicité négative que cela a suscitée le marque durablement : il y a le soucis des faux mais aussi parfois des peintures qui décrivent des Rêves sur lesquels Clifford n’a aucun droit. C’est très grave selon la loi aborigène. A une période Clifford retourne vivre près de ses terres traditionnelles et ne travaille plus pour le centre d’art dont il a été un moment le président. Il vend ses œuvres de façon indépendante. On sait qu’il signe et fait passer pour siennes des œuvres produites par Michael Tommy, Brogus Tjapangarti et d'autres peintres afin d’aider ces artistes, de maximiser leurs revenus. Les toiles de Clifford se vendent bien. Bien que très peu d’artistes aborigènes connus ont bu, Clifford a une grosse dépendance à l'alcool et au jeu. Parfois pour de l’argent facile, il produit des œuvres mineures, superficielles, ou signe des tableaux qui reprennent ses compositions mais qu'il ne peint pas réellement ou, le plus souvent, pour lesquelles il a reçu une aide. Ses filles, Gabriella et Michelle sont de très bonnes artistes dont la technique est proche de celle de leur père et apprennent à peindre en aidant leur père à compléter le fond pointilliste. En fin de carrière il trouve cependant des appuis sincères, entre une nouvelle compagne et un marchand, Arnaud Serval. Il est difficile de faire un tri, de savoir exactement ce qui a pu se passer. Pour ma part, lorsqu’on voit des vidéos des très nombreux collaborateurs peindre les œuvres de Damien Hirst, lorsqu’on connaît les circonstances dans lesquelles ont été produites les dernières œuvres de Mark Rothko, je me dis que l’objectivité n’est absolument pas la même lorsqu’il s’agit des artistes aborigènes. Et il faut aussi admettre que le jeu favori de beaucoup de marchands australiens est de dire du mal des collègues / concurrents, quitte à en rajouter. Il y a des faux Clifford mais il est probablement difficile d’en connaître la proportion. Il décède le 21 juin 2002, jour où il devait être investi de l'Ordre d'Australie, à Alice Springs. «… pour ses services en tant que contributeur et pionnier du développement du mouvement artistique du désert occidental et de la communauté aborigène à travers l'interprétation d'anciennes traditions. et les valeurs culturelles ». Il passe ses derniers jours dans une maison de retraite à Alice Springs. Le journal Le Monde fera un long article en première page suite au départ de Clifford. C’est l’occasion, et c’est malheureusement souvent le cas dans des articles consacrés à l’art aborigènes, de lire un bel ensemble de mensonges et de bêtises. Mais il revient sur la dernière polémique liée au grand artiste. Ses filles l’enterre à Yuelamu, contre les dernières volontés transmises par leur père. Il ne faudrait pas que ces polémiques empêchent de juger de façon objective son génie et sa contribution fondamentale à la promotion de l’art aborigène. Malgré ces événements, les collectionneurs, mais aussi les institutions, ont conscience de son importance. Sur le second marché, celui des ventes aux enchères, il possède toujours le record pour une peinture australienne et devrait le conserver un moment. Chez Sotheby's en juillet 2005 « Emu Corroboree Man » une composition magistrale de 1972, un petit format comme souvent à cette période, 46 x 61,5 cm, a largement dépassé les attentes de 150 000 à 250 000 $. Sotheby's toujours propose une piéce monumentale, un chef d’oeuvre de 1977, toujours centré sur le site de Warlugulong. Estimée entre 1 800 000 et 2 500 000 $, un prix très élevé pour une peinture aborigène, Sotheby’s reproduit cette pièce en couverture de leur catalogue de juillet 2007. Le tableau avait une histoire fascinante et avait été vendu pour la dernière fois par Joel's lors d’une vacation de 1996. Le tableau de 202 x 338,5 cm avait été estimé à l’époque entre 3 000 et 5 000 $ seulement et vendu pour 39 600 $. Il a été acheté par Hank Ebes, marchand bien connu d’art aborigène, qui, après avoir dépassé la limite fixée par son client américain, a décidé de lancer lui-même une offre pour le chef-d'œuvre. L'œuvre était accrochée dans une cafétéria au cours de la décennie précédente et, pendant les 11 années suivantes, elle occupa une place de choix parmi un trésor d'importantes peintures indigènes de la maison d'Ebes à Melbourne. Cependant, avec la fermeture de sa galerie, Ebes a cédé l'œuvre à Sotheby's qui l'a vendue à la National Gallery of Australia pour 2 400 000 $, un record pour une œuvre d'art aborigène. D’autres œuvres de Clifford ont été vendues pour des prix élevés. Prix, Récompenses et Commandes : 2022 Connection | Songlines from Australia's First Peoples in a spectacular immersive experience, National Museum of Australia, Canberra 2002 Medal of the Order of Australia 1991 Mural, Alice Springs Airport 1991 Strehlow Research Foundation, Alice Springs 1985 Mural design, Araluen Centre, Alice Springs 1983 Alice Art Prize, Alice Springs Collections : National Gallery of Australia, Canberra National Gallery of Victoria, Melbourne Berndt Museum of Anthropology, University of Western Australia National Museum of Australia, Canberra Robert Holmes a Court Collection, Perth Donal Kahn Coll, Lowe Art Museum, University of Miami Broken Hill Art Gallery, Broken Hill South Australian Museum, Adelaide Queensland Art Gallery, Brisbane University of Western Australia, Perth Parliament House art collection, Canberra Artbank, Sydney Pacific Asia Museum, Los Angeles Queensland Art Gallery, Brisbane Art Gallery of New South Wales, Sydney The Kelton Foundation, Santa Monica, USA Art Gallery of South Australia, Adelaide Art Gallery of Western Australia, Perth Araluen Arts Centre, Alice Springs Flinders Art Museum, Adelaide TarraWarra Museum of Art, Victoria Hank Ebes Collection, Melbourne Shepparton Art Museum, Shepparton, Australie Fondation Burkhardt-Felder Arts et Culture, Motiers, Suisse Alice Springs Airport, Australie, Victorian Centre for the Performing Arts, Auckland City Art Gallery, Nouvelle Zélande, Samlung Essl Collection, Vienne, Autriche

Clifford Tilmouth Pungarta

Clifford Tilmouth Pungarta Groupe Anmatyerre – Utopia – Désert Central Clifford est né en 1972 et il est marié à Rosemary Bird Mpetyane, également artiste.

COLLEEN WALLACE NUNGARI

Coleen Wallace Nungari Groupe Arrente / Anmatyerre - Utopia Colleen est née en 1973. Elle a été élevée par Kathleen wallace, l’artiste la plus importante de la petite communauté de Santa Teresa. Cela aura une grande importance lorsque Colleen se mettra à peindre car les artiste de Santa Teresa ne référent peu aux épisodes du Temps du Rêve et ont créé un style très contemporain, très coloré, riche en détail. Colleen utilisera les techniques de ces artistes lorsqu’elle voudra peindre une partie des fonds de ses compositions. Elle est marié avec un homme d’Utopia, le fils d’Ada Bird Petyarre, une artiste célèbre pour ses toiles inspirées des peintures corporelles…là encore un thème, plus traditionnel, que reprendra Colleen. Colleen recevra aussi l’autorisation de peindre le Rêve d’Igname, qui revêt une grande importance chez les femmes d’Utopia.

COWBOY LOUIE PWERLE

COWBOY LOUIE PWERLE Cowboy Louie Pwerle est né en 1941 sur les terres d'une ferme située aujourd'hui sur la communauté d'Utopia en Australie centrale. Très bon bouvier, de même que tous les hommes de sa famille, aimant porter des chemises de cow-boy, des bottes et un chapeau, il devient « Cowboy Louie ». Cowboy vit maintenant sur le campement de Mosquito Bore, toujours à Utopia. Cowboy est le frère cadet de Louie Pwerle (aujourd'hui décédé), qui était également un artiste bien connu et le dépositaire de droits importants sur plusieurs sites sacrés sur le même territoire. Ses sites et ses Rêves principaux sont moins significatifs que ceux de Louie, mais plus variés. Cowboy a été encouragé à commencer à peindre par Louie et, dans certains cas, à dépeindre certaines histoires sous son autorité. C’est ce qui s’est produit en particulier lors de travaux ultérieurs, où Louie a donné à Cowboy la permission de peindre au sujet des cérémonies d’initiation des hommes, dont Louie était responsable. Cependant, Cowboy décrit principalement les lieux de nidification de la pintade sauvage (ou Bush Turkey) et les voyages de cet animal tout en recherchant la nourriture, en s’accouplant et en prenant soin de ses poussins. Dans son Rêve, l'Ancêtre Pintade se promène dans les terres en laissant des traces entre et autour des points d'eau à Atnwengerrp. Dans ses peintures, ces traces sont représentées par des lignes en pointillés et les points d'eau sont représentés par des cercles géométriques. Cowboy décrit donc le voyage de la Pintade dans ses peintures et ses fonctions cérémonielles assurent la continuité de l’espèce. Cet animal est également une excellente source de nourriture. Cowboy peint également Emu (Ankerr) Tucker Dreaming et Lizard (Arlewatyerr) Dreaming. Ses œuvres sont des cartes narratives, avec lieux et les déplacements des Ancêtres. Cowboy continue de peindre avec des points très fins, choses rares pour un homme, d'autant plus qu'il n'est plus très jeune ! Il est aussi connu pour avoir sculpté des petites pièces en bois représentant des animaux.  COLLECTIONS : National Gallery of Victoria, Melbourne, Museum of Victoria, Melbourne, The Coventry Collection, Sydney Art Gallery of South Australia, Adelaide, Benalla Art Gallery, Stichting Sint-Jan, Brugge, Hollande, The Casama Group, Melbourne, Holmes a Court coll, Perth

DAVE PWERLE ROSS

Dave Pwerle Ross (David Ross Pwerl) Ethnie Anmatyerre – Utopia – Désert Central Dave est né dans les années 1930. Il est l’un des grands initiés d’Utopia, un homme de Loi important. Il nous offre souvent des œuvres avec une symétrie très marquées, inspirées par les "peintures" rituelles, faites au sol. Collections: National Gallery of Victoria, Queensland Art Gallery, Art Gallery of New South Wales, Musée du Quai Branly, Musée des Confluences (Lyon), Aboriginal Art Museum, Utrecht (Pays Bas)

DAVID MALANGI

David Malangi David Daymirringu Malangi (vers 1927 – 1999) communauté de Ramingining – Terre d’Arnhem Centrale David est l’une des grandes figures artistique de l’art aborigène et notamment de la région de Ramingining en Terre d’Arnhem. Son nom est associé à une des premières controverses sur les Aborigènes et leur art. Les motifs d’une écorce collectée par Karel Kupka servent en effet de base au billet de 1 dollar (1966) mais sans jamais en avoir demandé l’autorisation à David Malangi. Il n’est pas seulement un peintre, mais aussi un sculpteur et un graveur. Très tôt il a le droit à une exposition personnelle (1986, State Bank of NSW) Malangi a représenté l'Australie à la Biennale d'art de São Paulo en 1983. Il a été l'un des premiers artistes aborigènes dont le travail a été présenté à la Biennale de Sydney en 1979. En 1983, son travail a été exposé à l'Australian Perspecta à la Art Gallery of New South Wales, Sydney. Il a réalisé dix ossuaires sur les 200 pour le « mémorial aborigène », l’oeuvre artistique mais aussi politique la plus célèbre d’Australie, à la National Gallery of Australia en 1988. Il s'est rendu à New York en 1988 dans le cadre de l'exposition « Dreamings » d'art aborigène. En juillet 2004, une exposition du travail de David Malangi s'est ouverte à la National Gallery of Australia intitulée « No Ordinary Place » ( puis cette exposition devient itinérante en 2006). Bien entendu suivront un nombre très importantes d’expositions partout dans le monde, des articles, des reproductions dans des livres et catalogues. Collections : Arnotts Collection, Sydney. Artbank, Sydney. Art Gallery of New South Wales, Sydney. Art Gallery of Queensland, Brisbane. Art Gallery of South Australia, Adelaide. Art Gallery of Western Australia, Perth. Australian Museum, Sydney. Berndt Museum of Anthropology, University of Western Australia. Central Collection, Australian National University, Canberra. Flinders University Art Museum, Adelaide. Gold Coast City Art Gallery, , Queensland.Karel Kupta Collection. Linden Museum, Stuttgart, Germany. Milingimbi Collection, MECA, Milingimbi Educational and Cultural Association. Museum and Art Gallery of the Northern Territory, Darwin. Ramingining Collection, Museum of Contemporary Art, Sydney Museum of Victoria, Melbourne.Myer Gatner Collection. National Gallery of Australia, Canberra. National Gallery of Victoria, Melbourne. National Maritime Museum, Sydney. Reserve Bank Collection Robert Holmes a Court Collection. South Australian Museum, Adelaide. Tasmanian Museum and Art Gallery, Horsfall Collection, Hobart. University of QueenslandAnthropology Museum, St Lucia. Musée du Quai Branly, National Gallery of Canada, Queensland Art Gallery, Aboriginal Art Museum, Hollande

DEBBIE BROWN NAPALJARRI

Debbie Napaljarri Brown est née à Nyirripi, une communauté aborigène située à 400 km au nord-ouest d'Alice Springs, dans le centre de l'Australie. Elle a grandi à Nyirrpi et y a suivi l'essentiel de ses études, même si elle a passé plusieurs années dans un pensionnat au Yirrara College à Alice Springs. À son retour à Nyirripi, elle a travaillé au magasin et a également aidé à prendre soin de personnes âgées. En 2010, Debbie s’est installée à Yuendumu, à 160 km à l’est de Nyirripi, avec son mari et son fils Jarvis, pour se rapprocher de la famille de son mari. Elle travaille pour le centre des femmes et prépare des déjeuners pour les enfants de l’école. Debbie peint depuis 2006. Sa grand-mère, Margaret Napangardi Brown, également artiste du centre d'art, lui a appris à peindre. Son grand-père est le célèbre artiste peintre Pintupi, Pegleg Tjampitjinpa, né vers 1920 et qui a grandi dans les environs de Wilkinkarra, menant une vie traditionnelle. Debbie regardait sa grand-mère et son grand-père peindre et écoutait les histoires des Rêves de sa grand-mère. Dans ses tableaux, Debbie peint le Rêve de son père. Ces histoires lui ont été transmises par sa grand-mère, sa mère et leurs parents avant eux pendant des millénaires. La Wanakiji Jukurrpa (Rêve de Tomate du Bush) traverse Yaturlu (près du mont Theo, au nord de Yuendumu). «Wanakiji» se présente sous la forme d'une petite plante épineuse aux fleurs pourpres qui porte des fruits verts charnus avec de nombreuses petites graines noires. Une fois les fruits ramassés, les graines sont enlevées à l’aide d’une petite cuillère en bois appelée «kajalarra». Les fruits peuvent ensuite être consommés crus ou enfilés sur des brochettes appelées ‘turlturrpa’, puis cuits au feu. ‘Wanakiji’ peut également être plié et mis à sécher. Quand ils sont préparés de cette façon, on l’appelle ‘turlturrpa’ et le fruit peut être conservé longtemps. Le Wanakiji Jukurrpa, le Rêve de Tomate, appartient aux femmes Napanangka / Napangardi et aux hommes Japanangka / Japangardi.

Debra Reid Nakamarra

Debra Reid Nakamarra Ethnie Pintupi – Désert Occidental – Kintore La fille de Walangkura a hérité de sa mère les droits sur des motifs. Debra qui peignait occasionnellement jusqu’ici se met à peindre très régulièrement, du très petit au grand format.

DIANNE TIPUNGWUTI

Dianne Tipungwuti Groupe Tiwi – île Tiwi– Territoire du Nord Diane est née en 1961 sur l’île de Bathurst, Après des études à darwin elle est revenue sur l’île. Elle se met à la peinture en 1994 en utilisant les techniques traditionnelles, des hachures très fines qui couvrent aussi bien les peintures que les sculptures ou de larges traits fait au doigt.

DICK ROUGHSEY

Dick Roughsey est né vers 1920 sur l’île Langunarnji, reliée à l’île de Mornington par un banc de sable à marée basse, et fait partie du groupe des îles Wellesley du Nord dans le golfe de Carpentaria. On lui a donné le nom tribal Goobalathaldin. Il a passé la première partie de son enfance dans le bush et a adopté un mode de vie traditionnel, en apprenant les cérémonies et en racontant les histoires de ses ancêtres. Il a appris la riche histoire orale de la tribu Lardil auprès de son père. Ses parents ancestraux étaient trois personnes, le chef Marnbil, son épouse Gin-Gin et son oncle Dewallewul. Les missionnaires blancs ont convaincu les parents de Dick de l’amener à l’école presbytérienne de Mornington Island à l’âge de 7 ou 8 ans. Au début, il avait peur de son nouvel environnement, mais il s’est vite installé et a reçu une éducation chrétienne heureuse mais difficile. On lui a donné le nom de «Dick» à la mission. Son père est décédé alors qu'il était à l'école de la mission. Dick a aimé rentrer chez lui en vacances. Au cours de l'une de ces vacances, il a contracté un trachome qui a affecté sa vision et lui a causé des problèmes plus tard. Il a quitté l'école à l'âge de 13 ans environ et a poursuivi ses études auprès des anciens de la tribu, apprenant les lois des Lardil et les méthodes de chasse. Il n'a pas participé à une cérémonie d'initiation - normalement entreprise aux alentours de cet âge - parce que les missionnaires avaient demandé aux anciens de faire cesser les cérémonies. Roughsey et son épouse Elsie ont eu six enfants ensemble. Ses enfants, Mervyn, Raymond, Kevin, Eleanor, Basil et Duncan, ont été élevés principalement par leur mère sur l'île Mornington, leur père s'absentant fréquemment pour le travail. Les enfants Roughsey étaient scolarisés à Thursday Island, Dick estimant qu'une éducation dans ce pays permettrait d'accroître les possibilités d'emploi sur le continent australien. Son frère, Lindsay, vivait également sur l’île de Mornington avec sa famille; lui aussi était un artiste. Vers 1940, Roughsey s'installa en Australie continentale pour commencer à travailler. Avant de servir pendant la Seconde Guerre mondiale, il a travaillé pendant quelques années dans des travaux manuels comme gardien de troupeau, matelot, pêcheur. À son retour de service, Roughsey est retourné à Mornington Island où il a commencé sa vie de famille avec son épouse Elsie. Roughsey a commencé à s'intéresser à la peinture et, après avoir rencontré Percy Trezise, un blanc et ??a commencé à développer un style personnel. Roughsey a commencé à travailler avec les peintures à l'huile et à créer un corpus d'œuvres. Roughsey s'est imposé comme un artiste respecté et un fervent partisan de projets liés au patrimoine culturel qui protègent la culture autochtone. Son travail avec Trezise pour enregistrer la position d'anciens sites aborigènes et d'importantes peintures rupestres était l'un des premiers du genre et portait sur la connaissance du respect et de la préservation au sein de la communauté. En 1968, avec Percy Trezise, ??il redécouvre l'important site archéologique de la rivière Hann, au centre de la péninsule du Cap York. Roughsey a participé au programme d’expositions internationales du Aboriginal Arts Board (AAB). L'AAB était responsable de nombreuses expositions itinérantes dans environ 40 pays, ainsi que de publications et de dons d'œuvres autochtones à des musées d'outre-mer. Cela a suscité un intérêt pour l'art autochtone. En 1973, Roughsey fut nommé président inaugural de l'AAB par le Premier ministre de l'époque, Gough Whitlam, qu'il occupa jusqu'en 1975; toutefois, son implication dans l'AAB est documentée avant et après cette période. Roughsey a rencontré Percy Trezise en 1962 au Karumba Lodge, à l'embouchure de la rivière Norman. Trezise était un pilote pour Ansett Airlines qui peignait avec désinvolture et devint rapidement le mentor de Roughsey. Trezise a encouragé Roughsey à peindre les histoires qui faisaient partie de son pays et non à imiter les styles et les récits d'Albert Namatjira, alors célèbre. Trezise a encouragé Roughsey à développer d'abord son style de peinture personnel sur des peintures sur écorce, puis à passer à l'huile sur toile. Tout au long de leur relation, Trezise fournissait régulièrement à Roughsey du matériel artistique lui permettant souvent de se couper des écorces autour de chez lui à Cairns, Trezise était un partisan actif et promoteur du travail de Roughsey, organisant de nombreuses expositions et vitrines de l'art de l'île de Mornington dans toute l'Australie. Trezise participa activement à la préservation des coutumes et des histoires de Lardil. Roughsey lui donna le nom de "Warrenby" en 1963. Trezise et Roughsey voyagèrent ensemble pendant de nombreuses années dans toute l'Australie, explorant des peintures rupestres et les documentant pour l'Australian Institute of Aboriginal Studies. Trezise et Roughsey ont collaboré à une série de livres illustrés qui racontent des histoires traditionnelles aborigènes, dont certains comptent parmi les premiers livres à présenter la culture aborigène aux enfants australiens. La passion de Roughsey pour la préservation de la culture et des traditions autochtones lui permit de faire partie du comité consultatif autochtone du conseil australien en 1970. En 1971, il écrivit la première autobiographie d'un auteur autochtone. En 1973, Roughsey est devenu président du conseil des arts autochtones, poste qu'il a occupé jusqu'en 1975. Il a également été membre de l'Institut d'études autochtones. Mervyn a continué le travail de son père.

DINNY KUNOTH

Dinny Kunoth Dinny est né vers 1954. Il est un initié Anmatyerre de la communauté d’Utopia. Il est aussi bien peintre que sculpteur.

Dinny Nolan Tjampitjinpa

DINNY NOLAN TJAMPITJINPA Dinny est l’un des survivants du massacre de Coniston (1928). Il est né du côté de Yuendumu en 1922 ou un peu plus tôt. Dinny a longtemps travaillé comme gardien de troupeau avant de rejoindre Papunya au milieu des années 70. Dinny est un grand initié Warlpiri, un « faiseur de pluie », un personnage clé pour les cérémonies « Rêve d’Eau ». Il joue également un rôle important dans d’autres rituels et dans le contrôle des peintures corporelles. Il est également connu pour la puissance de sa voix dans les chants sacrés. Et il serait également un guérisseur. Faisant partie de la même famille que Clifford Possum, Billy Stockman et Kaapa, il était logique que Dinny se joigne au groupe d’artistes. Même s’il attend le milieu des années 1970 pour se lancer résolument dans une carrière de peintre, il a peint dès la fin 1972. En 1977, il se rend à Melbourne pour une grande exposition des artistes de Papunya et travaille à la National Gallery of Victoria où il se lie avec Trevor Nickolls, un célèbre artiste aborigène « urbain » dont il influence le style. En 1981, il visite Sydney avec Paddy Carroll et ils réalisent ensemble la première peinture sur sable jamais vue en dehors du désert. Il se rend également aux USA, toujours accompagné de Paddy Carroll, et ce à la demande des poètes Billy Marshall-stoneking et Nigel Roberts. Durant ce déplacement il assiste à diverses conférences et expositions sur les autochtones américains. Il a partagé sa culture avec eux sous de nombreuses formes. Il vient en Europe, en Austriche, en 2001. L'une de ses créations a été utilisée dans les vitraux de la National Gallery of Victoria. Les rêves qu'il peint incluent Water, Willy Willy, Pelican, Bush Turkey, Emu, Goanna et Bushfire. Il sera également l’un des principaux peintres d’une série d’œuvres, réalisées à l’initiative du marchand et collectionneur Arnaud Serval en collaboration avec une galerie de Sydney à partir d’une très bonne idée : créés à la manière des peintures au sol cérémoniales traditionnelles, utilisant le wamulu (sorte de coton sauvage utilisé depuis des temps immémoriaux pour les cérémonies). Il s’agissait d’inventer une manière de transformer leurs peintures au sol cérémoniales traditionnelles en œuvres d'art permanentes et transportables. Le wamulu était mélangé avec de l'ocre naturelle et un liant, puis appliqué sur des planches en bois. Sont d’accord pour cette collaboration Ted Egan Tjangala, Dinny Nolan Tjampitjinpa, Johnny Possum Tjapaltjarri et Albie Morris Tjampitjinpa. Les thèmes de ces œuvres correspondent aux principaux Rêves des régions désertiques, tels que le Feu, l’Eau et l’Émeu. Bill Gregory, directeur des galeries Annandale, a écrit dans les notes en ligne accompagnant à l’époque l'exposition : « L'artiste à qui appartient l'histoire, le « patron », applique ensuite les dessins directement sur le tableau pendant que les autres regardent – chantant souvent l'histoire comme c'est fait. La dernière étape consiste à appliquer grossièrement le Wamulu sur le dessin et à produire une œuvre avec la même texture et la même sensation qu'une peinture au sol de cérémonie. Cette dernière partie est entièrement communautaire. Par conséquent, l'artiste auquel les peintures sont attribuées est l'artiste qui possède l'histoire mais le processus en général est partagé par tous en dehors de l'application initiale du coton sauvage. Les images s’inspirent très directement des peintures au sol ainsi que des dessins de peintures corporelles. Le processus est extrêmement laborieux et nécessite à la fois des compétences et de la patience pour le long processus de production de l'œuvre, ... Le processus avait un air rituel, plein de mémoire... et il y avait un sentiment de communication à travers l'histoire avec leurs ancêtres. Particulièrement au cours des premières heures, les artistes étaient entièrement concentrés et souvent dans ce qui me semblait être une quasi-transe. Au fur et à mesure que le travail avançait et que le travail d'application du médium devenait physiquement plus éprouvant, le chant devenait plus sporadique, mais le sentiment d'un processus méditatif et communautaire était continu. J'ai été profondément impressionné par l'authenticité du projet. À aucun moment les artistes n’ont été pressés de réaliser le travail, il n’y avait aucun délai pour l’exécution ou l’achèvement et le travail n’a été réalisé que lorsque les artistes étaient prêts selon leur propre temps intérieur ». Un ouvrage lui a été consacré « Tjalkupla Kuwarritja » Dinny Nolan Tjampitjinpa. Collections: Artbank, National gallery of Australia, Canberra National museum of Australia, Canberra Victorian arts centre University of Western Australia, Anthropology Museum National Gallery of Victoria Art Gallery of Western Australia, The Holmes a Court Collection The Victorian museum Araluen Arts Centre, Alice Springs Hank Ebes collection, Museum of New Zealand Art Gallery of South Australia, Adelaide

Don Tjungurrayi

DON TJUNGURRAYI (né en 1939 – Warlpiri/Luritja) Don est né vers 1939 à Yupurirri, au sud de la ferme de New Haven. Après la création de la communauté de Yuendumu, il va à l’école de la mission là-bas. A la mort de son père, il est élevé par son oncle, Old Mick Tjakamarra, un grand initié qui va contribuer à la création du mouvement pictural. Don reçoit une initiation complète prés de Haasts Bluff et travaille plus tard comme gardien de troupeau dans différentes fermes de la région avant son mariage. Il rejoint alors Papunya où il trouve du travail à la cantine communale. Il va commencer à peindre sous l’impulsion de Paddy Carroll à la fin des années 70. Depuis Don est devenu un artiste bien connu. Il va faire partie du groupe de la deuxième génération et va s’illustrer auprès de Two Bob Tjungurrayi, Paddy Carroll, Michael Nelson; Maxie Tjampitjinpa… En 1986, il remporte le Prix Artistique d’Alice Springs. Sa femme, Entalura, peint également et est l’une des doyennes de la communauté de Papunya. Ils ont deux enfants et des petits enfants. Don a de nombreux Rêves en commun avec Paddy Carroll : Arc-en-Ciel, Araignée, Opossum, aigle, Perruche, Wallaby, Serpent, Larve Witchetty et Kangourou. Ses œuvres sont dans d’importantes collections : Robert Holmes à Court collection, Victorian Arts Centre, Wollongong Art City Gallery, Ebes Collection, la Fondation Kelton (USA)… Don est né vers 1939. Le site associé à sa conception (spirituelle) est Yupurirri, au sud de la ferme de New Haven. Mais il né à la station télégraphique d’Alice Springs. Après la création de la communauté de Yuendumu (en 1946), il va à l’école de la mission là-bas. A la mort de son père, il est élevé par son oncle, Old Mick Tjakamarra, un grand initié qui va contribuer à la création du mouvement pictural. Don reçoit une initiation complète prés de Haasts Bluff et travaille plus tard comme gardien de troupeau dans différentes fermes de la région avant son mariage (avec Entalura Nangala). Il rejoint alors Papunya où il trouve du travail à la cantine communale. Il va commencer à peindre sous l’impulsion de Paddy Carroll Tjungurrayi à la fin des années 70. Depuis Don est devenu un artiste bien connu. Il va faire partie du groupe de la deuxième génération et va s’illustrer auprès de Two Bob Tjungurrayi, Paddy Carroll, Michael Nelson Jagamarra ou encore Maxie Tjampitjinpa… En 1986, il remporte le Prix Artistique d’Alice Springs. Sa femme peint également. Don a de nombreux Rêves en commun avec Paddy Carroll : Arc-en-Ciel, Araignée, Opossum, aigle, Perruche, Wallaby, Serpent, Larve Witchetty et Kangourou. Sa peinture est assez épurée, rarement chargée de nombreux symboles. Don va à l’essentiel. Pour couvrir le fond, il utilise une technique assez classique pour faire les points. Ses œuvres sont dans d’importantes collections : Wollongong Art City Gallery, Ebes Collection, la Fondation Kelton (USA) The Kerry Stokes Collection, Australia The Victorian Art Centre, Melbourne Araluen Arts Centre, Alice Springs Museum and Art Gallery of the Northern Territory, Darwin Holmes a Court collection, Perth Art Gallery of Western Australia Perth Art Gallery of South Australia Adelaide Art Galley Northern Territory Darwin Broken Hill Art Gallery Art Bank Sydney National Art Gallery Queensland, Museum Queensland Exhibitions 1982 Aboriginal Artists Agency Ltd., Sydney, Australia 1982 Georges Exhibition, Melbourne, Australia 1983 Mori Gallery, Sydney, Australia 1983 Roar Studios, Melbourne, Australia 1984 Mori Gallery, Sydney, Australia 1984 Papunya and Beyond, Araluen Centre for the Arts, Alice Springs, Australia 1984 Papunya Tula Artists Pty. Ltd., Alice Springs, Australia 1985 Aboriginal Artists Gallery, Melbourne, Australia 1986 Galerie Düsseldorf, Perth, Australia 1986 Queensland University, Brisbane, Australia 1987 4th National Aboriginal Art Award Exhibition, Museum & Art Gallery of the Northern Territory, Darwin, Australia 1988 Chapman Gallery, Canberra, Australia 1991 The Painted Dream. Contemporary Aboriginal Paintings, Auckland City Art Gallery, Auckland, New Zealand 1992 Araluen Centre for the Arts, Alice Springs, Australia 1992 Dreamtime Gallery, Broadbeach, Australia 1993 Art Gallery of Western Australia, Perth, Australia 1993 Chapman Gallery, Canberra, Australia 1993 Tjukurrpa. Desert Dreamings - A Survey of Central Desert Art 1971-1993, Art Gallery of Western Australia, Perth, Australia 1994 Araluen Centre for the Arts, Alice Springs, Australia 1994 Chapman Gallery, Canberra, Australia 1994 Dreamtime Gallery, Broadbeach, Australia 1995 Chapman Gallery, Canberra, Australia 1997 Geschichtenbilder, Aboriginal Art Galerie Bähr, Speyer, Germany 1998 Kunst der Kontinente. Werke der Aborigines, Kunstverein Alsdorf, Germany (in cooperation with the Aboriginal Art Gallery Bähr, Speyer) 1999 Zeichen des Seins. Malerei der australischen Aborigines, Städtische Galerie ADA, Meiningen, Germany (in cooperation with the Aboriginal Art Gallery Bähr, Speyer) 2000 BlickDicht - An- und Einblicke. Zeitgenössische Kunst australischer Aborigines, Adelhausermuseum, Freiburg, Germany (in cooperation with the Aboriginal Art Gallery Bähr, Speyer) 2000 Kunst der Aborigines, Leverkusen, Germany (in cooperation with the Aboriginal Art Galley Bähr, Speyer) 2000 Traumpfade Zeitgenössische Malerei australischer Aborigines, Städtische Galerie, Traunstein, Germany (in cooperation with the Aboriginal Art Gallery Bähr, Speyer) Awards 1986 -- Alice Springs Prize

DOREEN DICKSON NAKAMARRA

Née en 1956, Doreen Dickson Nakamarra a grandi complètement immergée dans sa culture, dans le sud du territoire Warlpiri, son groupe linguistique. Sa mère, Nora Long Napanangka et sa sœur, Janet Long sont aussi artistes. Si les Warlpiris utilisent de préférence les couleurs et les symboles traditionnels pour décrire de façon symbolique le voyage des Ancêtres / Rêves créateurs ainsi que l’environnement Doreen préfère produire des œuvres sobres, monochromes, mettant en valeur son principal thème, Ngurlu Jukurrpa, le Damper Seed Dreaming.

DORIS BUSH NUNGURRAYI

Doris Bush Nungurrayi Doris Bush Nungurrayi est née vers 1942 à Haasts Bluff. Doris a grandi à Haasts Bluff, où elle a rencontré et épousé George Bush Tjangala, un locuteur Luritja / Amnatyerre. Ensemble, ils ont eu trois fils. George Bush a fait partie du premier groupe d'artistes dans le désert, au tout début des années 1970, bien qu’il n’ait pas beaucoup peint, à l’exception d’une brève période du début des années 1980. Au milieu des années 80, la famille s’installa à Nulyumanu, une zone très isolée à la frontière entre le Territoire du Nord et l'Australie Occidentale. Cette zone était « le pays » de sa mère. Plus tard, le couple s’est partagé entre Papunya et Alice Springs, où George a peint pour le compte d'un centre d'art. Après la mort de son mari en 1997, Doris s'installe à Papunya. Doris peignait un peu à ce moment. Mais en 2007 un nouveau centre d'art voit le jour à Papunya. Les femmes vont devenir la colonne verticale de ce centre et Doris devient rapidement l’un des peintres les plus prolifiques et les plus enthousiastes. En mars / avril 2012, elle a eu sa propre exposition solo à la Damien Minton Gallery à Redfern Sydney, la première à le faire sous les auspices du nouveau centre d'art. Nyunmanu n'est pas seulement l'endroit où elle a vécu. C'est l'endroit qu'elle célèbre souvent dans ses peintures. Il s'agit d'un site important associé au Rêve du Dingo. Les cercles de cette histoire représentent souvent d'importants points d'eau. Les motifs qui s'étendent des cercles sont ceux que les femmes peignent sur leurs poitrines lors d'une cérémonie. Collections : Artbank, Maquarie Bank Coll, University of Western Sydney,...

Dorothy Djukulul

DOROTHY DJUKULUL communauté de Ramingining – Terre d’Arnhem Centrale Dorothy est né en Juin 1942 à Murrwangi près de Mulgurrum en Terre d’Arnhem. Elle est la fille de Nhumarmar, pentre sur écorce réputé. Sa famille s’est déplacée vers Milingimbi où une mission méthodiste avait créée une école. Elle a travaillé comme gardienne de troupeau, cuisinière, …avant de commencer à peindre sous les encouragements du surintendant. Son père et son oncle l’influencèrent en lui montrant la manière traditionnelle de peindre : avec des ocres sur écorce d’eucalyptus. Dorothy a passé une partie de sa jeunesse à Maningrida, une communauté importante de Terre d’Arnhem, pour se marier et passer sa vie auprès de « son vieux mari ». Avant de mourir son père consulta les anciens de son clan. Il n’avait qu’un fils, George Milpurrurru, à qui confier ses histoires traditionnelles. Il demanda donc la permission de transmettre une partie de ses connaissances à sa fille afin qu’au travers de ses œuvres elle contribue à répandre la culture, les histoires et les motifs traditionnels. Son caractère bien trempé lui permis, malgré les pressions, de peindre des motifs qui appartiennent en principe aux hommes. Après la mort de son premier mari, elle s’est remariée avec Djardie Ashley, lui-même artiste célèbre. Coll : Artbank, Art Gallery of NSW, Art Gallery of South Austr, Flinders University Art Museum, Linden Museum (Stuttgart, Allemagne), Milingimbi Education and Cultural Association, Museum and Art Galleries of the NT, Museum of Comtemporary Art, National Gallery of Australia, National Gallery of Victoria, National Maritime Museum (Sydney), The Holmes a Court Coll, Wollongong City Art Gallery, John Kluge Coll…

Dorothy Napangardi

Dorothy Napangardi Christine Nicholls rappelle que la naissance de Dorothy Napangardi (vers 1950 – décédé en juin 2013) n’a pas été enregistrée pour cause de second mariage de sa mère. … mais à cette époque peu d’Aborigène le sont et les dates de naissance fluctuent beaucoup…né vers… dit-on. Si parfois les Australiens ont tendance selon moi à vieillir les artistes (Minnie Pwerle par exemple…peut-être dans une fourchette de 10 ans !) pour Dorothy il me semble que c’est l’inverse. Je tiens les informations de Margaret, sa sœur qui en 2011 nous affirmait que sa sœur avait 61 ou 63 ans… Dorothy fait partie de ces Aborigènes qui ont vécu nomades, dormant à la belle étoile (on ne peut s’empêcher de penser à ses toiles, à l’aspect stellaire de sa production). Toujours Christine Nicholls interrogeant Dorothy lui fait dire que c’était une période très heureuse avec un sentiment incroyable de liberté. Elle parcourait des vastes étendues qui paraissent si inhospitalière aux regards occidentaux. Cette artiste est passée maître dans la technique pointilliste. Dorothy Napangardi, dont la qualité des œuvres n’a d’égale que la diversité et la créativité, semble peindre la voûte céleste. Il s’agit pourtant du contraire, une vue aérienne de la terre et plus particulièrement du site de Mina Mina dont elle est l’une des gardiennes. Ses premières peintures ont pour sujet le Rêve de Bananier Sauvage, un thème courant chez les femmes du centre du désert. Bien que les variantes et les interprétations soient nombreuses, l’aspect figuratif l’emporte souvent, ce qui est rare dans l’art aborigène. C’est le cas chez elle aussi, où l’esprit de cette plante rampante est célébré au travers des variations saisonnières et des différentes étapes de maturité de la plante. Mais ce style reste trop proche de sa sœur clanique Eunice Napangardi pour imposer Dorothy comme une artiste à part entière et ce malgré le très beau rendu qui découle de son sens technique très développé…. Pour atteindre ce statut, elle va accomplir une révolution intérieure et artistique. Dorothy va parvenir à se dégage méthodiquement du corpus symbolique classique pour développer une recherche qui réside plus dans le rendu graphique et une précision obtenu sans l’effet des couleurs si chères aux Warlpiri. Ses premières peintures constituent, en effet, une période d’apprentissage, d’expérimentation, qui permettra bientôt aux pulsions si profondément enfouies de s’exprimer. Car Dorothy est autiste légère. Quand se produit ce changement intérieur, son style bascule – nous sommes alors dans le milieu des années 1990 et Dorothy peint depuis une dizaine d’années. Sa peinture prend un aspect très abstrait. Pendant certaines périodes, elle peint tous les jours, afin de répondre à une exigence et à un besoin puissants. Ses compositions dépassent alors l’expression pure des motifs du Rêve du Bâton à Fouir, ou ceux des cérémonies féminines associées au site de Mina Mina dont elle est la gardienne. Car le hasard et, surtout, les forces intérieures prennent le pas sur la tradition ; une part de réflexion et une part de jaillissement spontané qui varient selon l’humeur. Les motifs anciens sont transformés en lignes, en mouvements subtils, en labyrinthes. Les dunes, les variations du relief, toutes sortes de nourritures et de végétaux, la vie, les lacs asséchés, craquelés, les remontées de sel, tous ces éléments forment des quadrillages savants. Ses toiles montrent comment avec une même technique simple, la répétition de petits points réalisés à l’aide d’un bâtonnet et d’un nombre de teintes très limitées (souvent juste du blanc sur un fond noir), on peut obtenir des résultats très différents tout en gardant un style homogène, facilement identifiable. Ses compositions très méticuleuses et les mouvements rythmiques qui en découlent captent parfaitement l’atmosphère si particulière du désert. Les séries s’enchaînent au fur et à mesure au gré de l’humeur de Dorothy. Elles ramènent à la sensibilité de Dorothy, à sa propre vision du site dont elle est la gardienne spirituelle, à l’histoire et à la géographie de cette partie du Désert central et aussi et surtout à l’expression de sa puissance artistique. Le rendu est particulièrement proche d’œuvres d’artistes contemporains occidentaux. Sa lecture des motifs traditionnels est tout à fait personnelle, presque illisible pour les autres initiées. Finalement, elle est une artiste dont la production est assez peu typée « aborigène ». Ceux qui n’ont pas une connaissance suffisante de cet art pourraient imaginer que ces toiles sont mexicaines, polonaises ou japonaises. C’est là qu’on mesure la révolution qu’elle a introduite en changeant de style. Probablement aussi, c’est ce tournant qui a permis le succès de Dorothy, en élargissant son audience. Des amies Warlpiri lui donnèrent un surnom traduit en anglais par « The Silent One ». Certes elle communiquait peu…mais pourtant plus que l’autre phénomène de la famille, sa cousine Judy Watson. Elle décède tragiquement dans un accident de voiture. Collections : National Gallery of Australia (Adelaide), Metropoliatn Museum of Art (New York), British Museum, National Gallery of Victoria (Melbourne), Museum and art Galleries of the Northern Territory (Darwin), Art Gallery of South Australia (Adelaide), Australian Council, Queensland Museum, Kaplan Levi Coll (USA), Linden Museum (Allemagne), Musée des Confluences, Lyon, (France), Artbank (Sydney), Art Gallery of Western Australia (Perth), Strokes Coll (Perth), Kelton Foundation (Santa Monica, Californie, USA), Metropolitan Museum, New York Thomas Vroom (Hollande),…

Dr George Tjapaltjarri

« Dr » GEORGE TAKATA TJAPALTJARRI Dr George est né vers 1930 (entre 1930 et 1940 selon les sources) sous le nom de Nyunmul. Il a vécu longtemps dans le bush, menant une vie très traditionnelle, autour de Jupiter Well jusqu'au début des années 1960. Nous sommes ici à 900 km à l’ouest d’Alice Springs. En 1964 (1963 selon d’autres sources), une patrouille menée par Jeremy Long localise son groupe familiale. Il s’agit pour eux du premier contact avec le monde des Blancs. Dr George va travailler avec Jeremy Long pour aider les Aborigènes qui sortent alors du désert pour être sédentarisés. C’est un basculement brusque, de l’âge de la pierre et la civilisation occidentale. Il faut prendre des précautions pour que cette transition se passe en douceur. Et George est très respecté, dès cette époque. C'est un guérisseur traditionnel mais aussi un homme pleinement initié. Avant son déplacement vers une communauté aborigène, il est considéré comme le guérisseur le plus respecté de toute la région (Ngangkari). Il a pratiqué des soins selon des techniques secrètes, vieilles de milliers d’années. Son groupe s'installe plus tard dans la région de Kintore (une importante communauté aborigène qui abrite d’autres Pintupi). C’est là, suite à sa collaboration avec la clinique de la communauté que le personnel soignant lui donne son surnom de « Docteur ». Il est le frère de Tommy Lowry Tjapaltjarri, l’un des fondateurs du mouvement artistique. Il se met à peindre très tôt, en 1973 et le fait jusqu’en 1978 avant de faire une parenthèse dans sa carrière de peintre. Il se remet à la peinture pendant quelques années à la fin des années 1980. Au départ, il peint alors dans un style assez conventionnel (pointillisme et iconographie classique) en s’inspirant de « Cycles Tingari » ou d’un Rêve Serpent associés à « ses » terres, en autre Karrinwara prés de Kintore et Kilingya prés de Jupiter Well (en fait prés de 19 sites cérémoniels auxquels il fait référence dans ses peintures). A la fin des années 1990 il s’installe avec sa famille à Alice Springs et commence à travailler pour plusieurs marchands indépendants. C’est à cette période que le style qui l’a rendu célèbre se met en place. En plus d'être un guérisseur traditionnel, docteur George est un ancien important des Pintupi, chargé de superviser l'initiation des jeunes hommes. Cette responsabilité implique de leur révéler les connaissances secrètes liées au « Cycle Tingari ». Docteur George représente ce vaste éventail de connaissances culturelles dans ses œuvres, qui affichent une série audacieuse de lignes très pures probablement inspirées par les dessins des peintures corporelles mais, peuvent avoir d’autres sens (comme les torches utilisées pour éclairer les cérémonies ou les bâtons servant à faire le feu, c’est un détail donné par la galeriste qui lance véritablement sa carrière à partir du milieu des années 1990, directrice de la galerie Gondwana). Les dessins des peintures corporelles impliquent aussi souvent une forte association avec le paysage désertique, ses trous d’eau, ses collines de sable, les roches et les lits de ruisseaux asséchés. Les couleurs qu’il utilise reprennent les teintes traditionnelles, celles des ocres, de l’argile et du charbon de bois, qui sont : rouge, jaune, blanc et noir. Les thèmes se référent la plupart du temps, comme chez les autres initiés pintupi, aux Cycles Tingari, et se rapportent, au moins en partie, aux grandes étendues couvertes par les Ancêtres Tingari au cours de la période de création mythologique, le Temps du Rêve. Dans leurs mythes, les êtres Tingari auraient parcouru de vastes étendues et où ils ont créé des reliefs et enseigné les lois. Ils étaient parfois accompagnés de novices et de femmes. Les Cycles Tingari (les histoires, les chants associés et les motifs sacrés) sont très secrets. En 1998, il élabore son style très sobre. Ses peintures possèdent une audace, un élan, et une modernité qui tranchent avec le personnage assez petit, malade et leur signification profonde. Elles traduisent son autorité et sa confiance. Comme souvent dans l’art pintupi, le minimalisme de ces pièces, parfois simplement quelques lignes parallèles ou un groupe de points très gros, ne doit pas faire oublier leur profondeur. Peu à peu grâce à ce nouveau style, George devient l’un des artistes influent de l’Ouest du désert. Ses toiles sont montrées un peu partout en Australie mais aussi en Europe et aux USA. Il doit cependant mettre fin à sa carrière suite à des problèmes de vue. Nous avons eu la chance de le rencontrer en 2000. Ce qui m’avait frappé c’était le contraste très fort entre les photos de George, où il apparaît souvent avec un visage fermé, dur. Effectivement si vous preniez un appareil photo il prenait immédiatement cette mine fermée. Mais si vous le posiez, alors il se mettait à sourire et il était rayonnant, avec une présence bienveillante rare. Collections : Artbank, Sydney Kaplan Levi Collection, Seattle, USA Museums and Art Galleries of the Northern Territory, Darwin National Gallery of Australia, Canberra National Gallery of Victoria, Melbourne Robert Holmes a Court Collection, Perth Supreme Court of the Northern Territory, Darwin Vroom Collection, The Netherlands Fondation Burkhardt-Felder Arts et Culture, Motiers, Switzerland Hood Museum, USA Aboriginal Art Museum, The Netherlands Selected Solo Exhibitions 2022 Ngangkari - Clever Man, Japingka Gallery, Freemantle Selected Group Exhibitions 2007 Redrock Gallery, International Art Expo, Beijing, PR China 2007 Redrock Gallery, Grand Hyatt Hotel, Beijing, PR China 2007 Redrock Gallery, China World Exhibtion Centre, Beijing, PR China 2007 Redrock Gallery, Gallery Grand Opening Beijing, PR China 2003-2006 Redrock Gallery, Melbourne 2002 Mine, Gallery Gondwana, Alice Springs 2001 alice.fitzroy@af, Alliance Francaise de Canberra and French Embassy, Canberra 2001 Country After Rain, Framed - The Darwin Gallery, Darwin 2000 From Utopia to Kintore, Group Exhibition, Melbourne 2000 Lines, Fire Works Gallery, Fortitude Valley, Brisbane 2000 Recent Paintings by Walala Tjapaltjarri and Dr George Tjapaltjarri, Coo-ee Aboriginal Art Gallery, Sydney 2000 Landmarks, Brisbane Powerhouse, Dar Festival, Queensland 1999 Tingari Cycle, Fire-Works Gallery, Brisbane 1999 Painting the Desert, Alliance Francaise de Canberra & French Embassy, Canberra 1998 Dr George Tjapaltjarri, Gallery Gondwana, Alice Springs 1998 Queensland Museum, Brisbane 1998 Tingari - My Dreaming, Japingka Gallery, Perth 1998 Tingari Cycle - Paintings of the Pintupi, Gallery Gondwana, Alice Springs 1998 Warlimpirrnga Tjapaltjarri and Dr George Tjapaltjarri, Coo-ee Aboriginal Art Gallery, Sydney 1993 Chapman Gallery, Canberra 1992 Dreamtime Gallery, Broadbeach, QLD 1990 Araluen Arts Centre, Alice Springs 1989 Mythscapes, National Gallery of Victoria, Melbourne 1988 Queensland Museum, Brisbane

DULCIE LONG PWERLE

Dulcie Long Pwerle Dulcie est née vers 1979 sur les terres d’Utopia (très exactement elle vient du campement de Mosquito Bore mais elle est née sur le campement de Boundery Bore). Elle est la fille de Jeannie Petyarre, la demi-sœur de Gloria et Kathleen Petyarre. Elle décrit les feuilles de l’igname, un tubercule qui revêt une très grande importance : il est l’un des principaux Rêves des femmes Anmatyerre de la région d’Utopia.

EDITH JACKSON NAMPITJINPA

Edith Jackson Nampitjinpa Les Pintupis et leurs voisins du sud sont les derniers aborigènes à être localisée par les colons européens. La mère d’Edith est Walangkura “Jackson” Napanangka et son père, Uta Uta Tjangala, l’un des artistes fondateurs de Papunya au début des années 1970. Edith est née vers 1960 ou dans les années 1960. Elle aurait assisté à de nombreuses cérémonies féminines et fait maintenant partie des femmes les plus âgées qui transmettent des histoires et des traditions à la jeune génération. Elle vit maintenant à Kiwirrkurra avec son mari Warlimpirrnga Tjapaltjarri, lui même un artiste renommé. Elle s'inspire souvent des histoires associées au site de Lupul, à côté Tjukurla / Kintore. Edith peint le pays de sa mère situé autour de Tjukurla, au sud-ouest de Kintore. Ses œuvres décrivent le paysage de dunes de sable, les points d’eau et les sites cérémoniels, ainsi que les cactivités quotidiennes de collecte de nourriture.